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Marc Joucla a commencé par préciser que sur les données chiffrées, l'essentiel avait été dit. Il a tenu à rappeler que le simple renouvellement des effectifs actuels dans la recherche et l'enseignement supérieur donnait un flux inférieur à 3000/an. En effet, le remplacement de 60000 personnes sur 30 à 35 ans donne un flux moyen d'environ 2000/an. Cet ordre de grandeur montre que l'on ne peut espérer d'Eldorado au niveau des recrutements dans le secteur académique.
Concernant l'emploi industriel, l'ABG estime le flux à environ 1000 à 1500 embauches par an, qui n'évolue que lentement. La question est donc de savoir pourquoi ce nombre n'augmente pas nettement.
Dans les facteurs qui freinent l'embauche des docteurs, l'image de ceux-ci joue un rôle important. Le docteur est perçu comme hyper-spécialisé mais ne sachant pas valoriser autre chose que sa spécialité. Au contraire, l'entreprise est demandeuse d'autres qualités (voir section 2.4). Il convient déjà d'agir dans cette direction en sensibilisant les doctorants à leur auto-promotion. Il s'agit de vendre un produit doctorant. Cela ne peut se faire que par des actions longues et assez coûteuses en énergie. Les effets sont difficiles à mesurer.
Dans cette optique l'ABG a mis en place les Doctoriales. Elles ont été inventées par P. Averbuch (ABG) et par P. Weisbuch (DRET) qui sont allés voir en Angleterre ce qui se faisait en terme de formation aux réalités de l'entreprise pour les docteurs. Les Doctoriales sont directement inspirées de ce qui se fait là bas. Il s'agit d'apporter au doctorant :
Cette activité vient en complément des autres activités de l'Association :
Les Doctoriales vont maintenant être étendues sous l'impulsion du Ministère, par le biais des Écoles Doctorales. L'expérience commence cette année.
D'autres facteurs expliquent aussi les difficultés d'insertion des docteurs. Le point qui va suivre a été soulevé plusieurs fois lors de la réunion mais il nous semble suffisamment important pour être mentionné d'un bloc à ce niveau.
Un des membres de la commission a fait remarquer qu'entre la fin des années 80 et maintenant, la production en terme d'ingénieurs avait été multipliée par deux. Cela, conjugué aussi avec la redéfinition du chercheur selon l'ANVAR, a dû jouer. Un autre membre de la commission a également signalé la pression croissante des écoles d'ingénieurs pour développer leurs DEA et des formations doctorales.
Parfois, il apparaît clairement que certaines institutions n'ont pas la capacité de monter une formation de bonne qualité et un vrai problème de choix se pose. Ce problème ne semble pas être traité de manière satisfaisante actuellement. Finalement, ce qui se cache derrière c'est la question de la modulation des flux doctoraux. Elle peut se faire au niveau des DEA, par exemple en examinant plus précisément si les institutions demandeuses disposent de l'infrastructure en terme de personnels pour assurer des formations de qualité. La commission a soulevé ce problème mais n'a pas avancé de solution.
On touche là au délicat problème de la régulation des flux. Une discussion s'est enclenchée sur ce sujet. E. Brézin a fait remarquer à juste titre qu'il était probable que les besoins en scientifiques de haut niveau formés par la recherche allait augmenter du fait de l'importance de la technologie dans nos sociétés et de la tertiarisation croissante. Il lui semblerait donc dangereux de fermer les vannes brutalement.
Nous avons précisé cela en rappelant qu'il ne s'agissait pas de discuter ici de facteurs deux ou trois dans le débouché des docteurs. Le rapport HotDocs estimait le gisement d'emplois de niveau doctoral autour de 6500 à 7000. Cela est à comparer aux 10000 doctorats par an. La << surproduction >> n'est que de 1,3. La crise de l'emploi doctoral se joue donc sur des << dixièmes >> et dans le temps.
Nous nous sommes exprimés pour une stratégie pragmatique et souple :
Soulignons pour conclure, qu'avec un flux stationnaire d'environ 9000 à 10000 docteurs par an, l'établissement d'un régime << permanent >> sain, id est sans fuite démesurée de docteurs via le circuit post-doctoral, nécessite de << débusquer >> de l'ordre de 2000 emplois par an dans le secteur extra-académique (si le secteur public maintient son niveau de recrutement actuel).
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) a été mis à jour le 10 juin 2007