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Les jeunes chercheurs, à savoir les doctorants et nouveaux docteurs, représentent l'essentiel des « forces vives » des unités de recherche, et - dans beaucoup de disciplines - une part indispensable du personnel enseignant. Leur nombre est équivalent à celui des personnels chercheurs et enseignants-chercheurs permanents. Leur contribution à la production scientifique du pays est évidente.
L'activité quotidienne des jeunes chercheurs consiste en la construction de savoirs et de savoir-faire, là où celle d'un étudiant consiste en l'acquisition de connaissances. La part d'acquisition de compétences d'un jeune chercheur est similaire à celle de n'importe quel travailleur affecté à une nouvelle fonction. Le travail des jeunes chercheurs est comparable à celui de leurs collègues permanents, même si leurs préoccupations et leurs attentes restent spécifiques et distinctes.
Le caractère professionnel du doctorat est acté, depuis de nombreuses années, aux échelles nationale et européenne. En effet, dans sa Charte du chercheur et dans son Code de conduite pour le recrutement des chercheurs, la Commission Européenne utilise le terme de « chercheur en début de carrière » (angl.: « early stage researcher ») pour désigner un doctorant. Les autres structures européennes (telles que l'Association Européenne des Universités, EUA) ont également adhéré à cette vision. Sur le plan national, notamment suite aux États Généraux de la Recherche de 2004, lors desquels la communauté scientifique s'était exprimée dans ce sens, le caractère professionnel du doctorat a été explicitement inscrit dans le Code de l'Éducation.
La valorisation de l'expérience doctorale passe donc notamment par une différenciation explicite des étudiants et des doctorants et par un rapprochement des jeunes chercheurs et des autres producteurs de la recherche : les doctorants sont, de par la préparation d'un titre universitaire, inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur, mais c'est leur statut[1] de personnel de la recherche qui doit primer, tout comme c'est le cas pour les candidats à l'HDR (Habilitation à Diriger les Recherches).
La précision et la complexité du langage permettent la complexité et la précision de la pensée. Il est donc important que la terminologie employée par les acteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche concernant le doctorat soit spécifique et adaptée. En outre, l'utilisation d'un vocable étudiant amène, inconsciemment, à réutiliser des schémas de pensée liés à l'organisation de la vie étudiante et non à l'organisation du doctorat.
Par exemple, lors du discours introductif au colloque « Doctorat, doctorants et docteurs » d'avril 2010, le président de la Conférence des Présidents d'Université a dit, en faisant référence au remplacement de l'allocation de recherche par le contrat doctoral :
N'oublions pas que le doctorant, depuis le contrat doctoral et les Responsabilités et Compétences Élargies, est devenu un salarié de l'établissement. Nous avons donc des étudiants qui sont en même temps nos collaborateurs, nos personnels, et nous devons avoir une politique particulière pour cette catégorie quasiment unique dans nos établissements.
Ainsi, le passage de l'allocation de recherche au contrat doctoral a amené un changement dans la perception du statut des doctorants, qui sont devenus, aux yeux de leurs collègues, des chercheurs. Pourtant, les différences entre les deux contrats ne concernent pas les missions ou le statut du doctorant recruté, mais uniquement des points techniques concernant sa relation avec son employeur. La seule vraie différence concernant son statut contractuel réside dans l'intitulé, qui fait explicitement mention du mot « contrat ». On voit ainsi à quel point le vocabulaire a un impact sur les mentalités, même auprès d'experts du monde universitaire tels que des présidents d'université.
Dans la mesure où l'une des activités importantes des acteurs du doctorat (encadrants, directeurs d'école doctorale ou d'unité de recherche, membres du Conseil Scientifique ou du Conseil d'Administration d'un établissement, présidence de l'établissement) est précisément l'organisation du doctorat, ils doivent avoir, concernant la terminologie relative aux jeunes chercheurs, la même rigueur qu'ils ont dans le cadre de leur activité de recherche. Ainsi, il ne paraît pas envisageable
alors qu'il est acceptable que quelqu'un ne travaillant pas sur ces notions en ait une compréhension approximative. La Confédération des Jeunes Chercheurs estime qu'en tant qu'experts du doctorat, les acteurs du doctorat ne peuvent pas assimiler étudiants et doctorants.
[1] : Il est à noter que le terme « étudiant » ne renvoie à aucun « statut » juridique, économique ni même universitaire. Le Code de l'Éducation ne distingue, comme dans tout service public, que deux catégorie : celle des « usagers » ou celles des « personnels ». En cas de possible appartenance aux deux catégories, c’est le rattachement à celle des personnels qui prime.
[2] : Cette réalité étant encore plus prégnante en anglais, où « thesis » ne désigne pas le processus de doctorat mais uniquement le manuscrit : on parle même de « master's thesis » pour désigner le rapport de stage de master.
[3] : Les termes d'« allocation de recherche » et de « monitorat » sont également désuets suite à l'adoption du décret sur le contrat doctoral.
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) a été mis à jour le 10 décembre 2011