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Lettre ouverte au Ministre de l'Education Nationale,
de la Recherche et de la Technologie
Nancy, le 1er octobre 1997
Monsieur le Ministre,
La Confédération des Étudiants-Chercheurs a pris connaissance des créations de postes envisagées dans l'enseignement supérieur pour l'année 1998 (Le Monde du 27 septembre 1997). Si nous nous réjouissons de l'augmentation du nombre de postes mis au concours, rendue nécessaire à la fois par le sous-encadrement constaté dans de nombreuses universités, et par l'accroissement du nombre de départs à la retraite attendus dans les prochaines années, nous nous élevons vigoureusement contre la création annoncée de 1200 postes de Prag - soit autant que le nombre de postes de Maîtres de Conférences. Nous estimons qu'une telle décision aurait pour double conséquence d'accentuer la secondarisation de l'enseignement supérieur, en réduisant un peu plus le lien des premiers cycles universitaires avec la recherche, et de maintenir l'emploi des jeunes docteurs dans la situation critique qu'il connaît depuis plusieurs années.
Nous relevons d'ailleurs que cette politique irait à l'encontre des choix que vous avez maintes fois affichés. Devant la Conférence des Présidents d'Université, vous aviez manifesté votre intention de remettre en question le recrutement de Professeurs agrégés dans l'enseignement supérieur. Une table ronde organisée par le ministère sur ce thème avait par ailleurs conclu que la création de postes de Prag devait être marginale. Les mesures annoncées ne semblent tenir compte ni de vos déclarations passées, ni de la concertation entamée avec les principaux acteurs de l'Université. Surtout, elles sont en contradiction flagrante avec l'engagement que vous avez pris, à plusieurs reprises, de redonner la priorité à l'emploi scientifique. Le recrutement de jeunes docteurs, formés à la recherche et à l'enseignement, sur des postes d'enseignants-chercheurs ne relève-t-il pas d'une politique de l'emploi scientifique? On conçoit mal, par ailleurs, comment le ministère pourrait convaincre les entreprises d'embaucher des diplômés dont il ne reconnaît pas lui-même les compétences.
Car vous ne pouvez ignorer, Monsieur le Ministre, qu'un vivier surabondant de docteurs à la recherche d'un emploi s'est constitué au cours des dernières années, essentiellement du fait du doublement du nombre d'allocations de recherche décidé en 1989 par Lionel Jospin, alors Ministre de l'Éducation Nationale. Ainsi, le Président d'une université à fort potentiel de recherche a pu constater récemment que chaque emploi de Maître de Conférences mis au concours dans son établissement avait entraîné la candidature de 50 à 100 jeunes docteurs, ``pourvus le plus souvent de dossiers solides voire brillants, y compris en enseignement''. Nous ne saurions trop attirer votre attention sur cette dernière remarque, qui souligne le succès des Centres d'Initiation à l'Enseignement Supérieur mis en place par Lionel Jospin et vous-même, et qui fait justice de l'argument ``pédagogique'' trop souvent employé pour justifier le recrutement de Professeurs agrégés.
Dans un tel contexte, les mesures annoncées ne pourront qu'inciter un nombre croissant de docteurs à candidater sur des postes de Prag (comme on peut déjà l'observer), créant de facto une catégorie d'enseignants-chercheurs de seconde classe, contraints d'exercer en marge d'une charge d'enseignement à plein temps une activité de recherche non reconnue. Nous voyons dans cette évolution les prémices d'une remise en cause du statut de Maître de Conférences et une menace pour le potentiel de recherche des universités, ce que nous ne pouvons accepter.
Certes, nous n'ignorons pas qu'un Professeur agrégé enseigne deux fois plus qu'un Maître de Conférences pour un salaire à peu près équivalent. Mais cet argument financier, qui fait peu de cas de la recherche universitaire, ne saurait être invoqué par un ministre pour qui les choix politiques dictent les décisions budgétaires - et non l'inverse. Comme vous l'avez vous-même souligné, il suffirait, pour financer la création de nouveaux postes d'enseignants-chercheurs, de puiser dans le réservoir des heures complémentaires - 4 à 5 millions d'heures, soit l'équivalent de plus de 20000 postes (Le Monde du 25 septembre 1997). Nous vous demandons donc, Monsieur le Ministre, de rééquilibrer de façon très nette votre projet de créations de postes en faveur des Maîtres de Conférences.
La Confédération des Étudiants-Chercheurs.
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) a été mis à jour le 8 octobre 2017