cjc.jeunes-chercheurs.org/interventions/2005-09-12_dr.html
Pour le ministère :
Pour la CJC :
La réunion a ensuite duré près de 2h30.
Le compte-rendu est thématique et non chronologique.
Cette
rencontre fait suite a une lettre envoyée au ministre François Goulard
par le président de la CJC une semaine plus tôt dans le but de faire un
point sur la préparation de la future Loi d'Orientation et de
Programmation de la Recherche.
Florent Olivier introduit la réunion en rappelant que cela fait plus
de 20 mois que la communauté scientifique attend la Loi d'Orientation
et de Programmation, que de nombreuses réunions ont eu lieu et que
désormais nous attendons des réponses précises sur plusieurs points.
François Gauthey répond d'abord par un discours général sur l'importance de
la recherche, priorité pour le développement de notre pays...
Nous rappelons que l'Allocation de Recherche du ministère,
financement de référence pour beaucoup d'autres, est actuellement à
4,75% sous le SMIC (voir fiche de synthèse sur l'allocation de recherche)...
François
Gauthey promet une revalorisation « significative », mais l'indexation
n'est pas prévue. Nous rappelons l'importance d'une indexation et
proposons de se référer au point d'indice de la fonction
publique, solution la plus simple à nos yeux. Nos interlocuteurs
pensent que ce n'est pas possible pour des contractuels. Nous leur
donnons l'exemple des ATER pour
lesquels c'est le cas.
Nous rappelons l'importance de faire entrer les écoles doctorales (ED) dans une logique d'amélioration continue de leurs pratiques et insistons sur la nécessité pour cela de recourir à un système de « prime à l'effort » (i.e. donner des moyens à ceux qui s'engagent dans une politique quantifiée d'amélioration quel que soit leur situation actuelle) et non pas de « prime à l'excellence » (i.e. récompenser ceux qui sont déjà dans une situation satisfaisante).
Xavier Sahut d'Izarn précise que c'est bien ce qu'ils entendent
également et insiste sur le fait qu'il faut mettre en place un cercle
vertueux, mais avec des signes pour les « bonnes ED », un indicateur
étant notamment le devenir des docteurs. Maurice Gross ajoute qu'il ne
s'agit pas de cohercition, mais d'incitation pour un suivi post-thèse
effectif.
Xavier Sahut d'Izarn ajoute qu'il faudra quand
même que celles qui ne font pas d'effort soient identifiées et qu'on finisse par en tirer les
conséquences.
François Gauthey ajoute que ce sera écrit, non dans la loi elle-même
mais dans des textes annexes.
Nous leur
proposons de se référer explicitement à la charte européenne sur ces questions.
Maurice Gross explique que le budget alloué au protocole de résorption des libéralités des associations caritatives n'a pas étéentièrement dépensé. Xavier Sahut d'Izarn souligne que la difficulté provient des réticences initiales des associations, qui avaient peur que le ministère veuille les contrôler ; mais elles sont maintenant convaincues.
Nous rappellons que beaucoup d'associations ne sont pas encore dans le protocole, en général par manque d'information : le ministère devrait communiquer bien davantage sur le dispositif et être plus actif dans la recherche des associations concernés.
Au sujet des libéralités relevant du ministère de l'industrie (écoles des mines), Xavier Sahut
d'Izarn explique qu'il y a été difficile de convaincre le ministère des Finances l'année dernière, alors
que les écoles seraient elles tout à fait prêtes à salarier les doctorants. Ceci devrait être résolu cette année.
Concernant les minisètre des Affaires Étrangères (MAE), Maurice Gross explique que le nombre de libéralités de seraient selon lui pas très élevé : parmi l'ensemble des financements délivrés par le MAE (via l'association Égide), une faible partie serait consacrée à doctorants étrangers en cotutelle et qu'une autre concerne des doctorants français partant à l'étranger. Seule cette dernière catégorie serait à l'étude au MAE. Nous répondons qu'il faudrait un document écrit faisant le bilan de ces financements pour pouvoir travailler plus profondément sur ce dossier.
Pour revenir à la LOPR, nous proposons au ministère de s'appuyer sur l'article 412-2 du Code de la Recherche à propos de la nécessité d'un contrat de travail dans le cas de
financements publics pour des doctorants. Les représentants du ministère répètent que le
texte actuel de la LOPR se donne bien pour objectif d'éradiquer les
libéralités.
Depuis des années le ministère évoque le développement de travaux menés
par des doctorants au sein d'entreprises sous la forme de « stage
d'initiation » (cf. notamment une réunion en décembre 2003, ainsi que la modification récente du décret relatif à l'allocation de recherche).
Si l'idée de fond est intéressante, nous rejetons totalement l'approche
retenue : le doctorat n'est pas le lieu pour effectuer des « stage
d'initiation ». Ce n'est pas en proposant (encore) des « stagiaires »
aux entreprises que le doctorat sera valorisé. De plus la
réglementation sur le stage précise qu'un stagiaire ne doit pas être «
productif » pour l'entreprise (sous peine de tomber dans le travail
dissimulé). Dès lors quel intérêt pour l'entreprise comme pour le
doctorant ?
Nous recommandons au contraire de permettre des possibilités de cumul
ou d’alternance d’activités durant le doctorat afin de rendre possible
des missions de courte durée en entreprise ou au sein
d’une administration. Ces missions permettraient le développement
d’activités diverses : expertise, conseils, transferts technologique ou
méthodologique, études de faisabilité, etc. dans le cadre de
partenariats définis par contrat, prévoyant notamment les accords
nécessaires portant sur la propriété intellectuelle.
Après une discussion animée, nos interlocuteurs acceptent de ne plus recourrir à l'expression de « stage ».
Nous rappellons que seule la convention collective de la branche chimie reconnaît véritablement les docteurs en tant que tels.
De même nous recommandons la reconnaissance du doctorat dans
l'ensemble de la fonction publique. Olivier Storch acquiesce et précise
que c'est de toute façon une nécessité dans le cadre du LMD.
Ils précisent que sur ces deux points, des mesures symboliques sont prévues par le
texte de la LOPR.
Se basant sur le modèle des contrats CIFRE, François
Gauthey lance la proposition
d'un contrat aidé similaire pour les docteurs.
Au sujet des CIFRE, nous rappelons au passage
que si le dispositif est en effet efficace, l'ANRT elle-même dit bien
que le volume est limité et qu'on manque de candidats tant du coté des
entreprises que du coté des doctorants potentiels pour monter en
puissance.
Concernant leur proposition, nous nous interrogeons sur la forme de
contrat qui sera préconisé, précisant qu'il ne serait pas souhaitable
de multiplier ainsi des CDD pour les docteurs en entreprise. Nous
rappelons également la disposition déjà prévue dans les toutes
premières versions de la LOPR visant à utiliser le Crédit Impôt
Recherche comme levier pour inciter à l'embauche de docteurs.
Les représentants du ministère expliquent
qu'il faut diversifier les solutions et rapprocher les « deux mondes »... Les entreprises ayant peur
d'embaucher des docteurs, il faut les inciter pour qu'elles se rendent
compte qu'elles ont besoin de docteurs.
Xavier Sahut d'Izarn
ajoute qu'il existe un dispositif spécifique pour les PME/PMI pour les
aider à recruter du personnel de recherche (ARIDOC). L'enveloppe est
limitée, et il s'agit de monter en puissance. Le recours à des CDD ne
leur semble pas problématique... notamment parce que « ça se fait déjà
dans le public »...
Nous expliquons que les efforts sur l'emploi doivent favoriser les
contrats stables : faire des aides pour les docteurs dans le
cadre de CDD ne valorise aucunement le doctorat. Par ailleurs, c'est un
très mauvais signe vers les entreprises, qu'il faut convaincre de faire
une R&D pérenne digne de ce nom : en aidant des CDD, on les
encourage dans une vision de court terme, alors qu'il faut une vraie
politique de développement de la recherche privée, ce qui demande des
embauches en CDI. Par ailleurs, la charte européenne préconise de
mettre en place des emplois stables.
François Gauthey précise que l'aide sera limitée dans le temps, mais
que ça peut être pour des CDI. Nous insistons pour que soit l'aide soit
donnée seulement aux CDI, soit qu'il y ait au moins une « prime au CDI
» (meilleure aide en cas de CDI). Nos interlocuteurs semblent plus ou
moins d'accord pour ce principe.
La suppression de la limite d'âge pour les concours d'entrée dans les EPST
est évoquée. Nous décrivons le problème qui risque d'arriver
(augmentation de l'âge moyen de recrutement) et rappelons notre
position, également présente dans le rapport des États Généraux de la
Recherche : prévoir limite en terme d'expérience professionnelle (5/6
ans après le début du doctorat).
Les représentants du ministère restent dubitatifs. Nous réexpliquons
pourquoi un recours trop important au « post-doc » pose problème. Nous précisons
que c'est une bonne occasion de redéfinir les niveaux d'entrée dans les
carrières académiques ; notre préoccupation étant qu'il faut pouvoir
prévoir plusieurs niveaux d'entrée (en terme d'expérience
professionnelle) alors que le système actuel conduit des personnes déjà
très expérimentées à concourir au niveau CR2.
François Goulard nous a alors rejoint. Un petit bilan de la réunion est alors fait en présence du ministre.
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Ce document (/interventions/2005-09-12_dr.html
) a été mis à jour le 10 juin 2007