cjc.jeunes-chercheurs.org/interventions/2005-03-07_des.html
Pour la Direction de l'Enseignement Supérieur
:
Pour la Confédération des Jeunes Chercheurs
:
La réunion a duré environ deux heures.
La CJC avait fait parvenir un document de travail au
ministère, détaillant les propositions de la CJC
pour une révision de
l'arrêté du 25 avril 2002 relatif aux
études doctorales.
Nous interrogeons les représentants de la DES sur les
buts, le calendrier et les grandes lignes des propositions du
ministère dans le cadre des réflexions sur le
doctorat lancées par François Fillon en septembre
2004.
Jean-Marc Monteil explique que pour le moment il n'y a pas de
calendrier, mais que la concertation sur le doctorat suivra
l'avancement de la préparation de la LOPR. Il n'est donc
pas envisagé de résultat avant l'automne 2005
(moment où la LOPR passera vraisemblablement devant le
Parlement. Cf. ci-dessous). Les nouvelles orientations sur les
formations doctorales ne prendront donc effet qu'à partir
de 2006.
Ils insistent sur le fait qu'il s'agit avant tout d'une
concertation et qu'ils essaient de trouver les points de
convergence entre les différents interlocuteurs qu'ils
rencontrent (notamment la Conférence des Présidents
d'Univsersité, (CPU), et la Conférence des Grandes
Écoles (CGE)). La motivation première de ces
réflexions autour du doctorat est pour eux le processus
européen de Bologne (passage au LMD appliqué
au Doctorat).
Les grandes lignes de leurs propositions sont les suivantes :
Une réforme structurelle sur l'habilitation à délivrer le doctorat. Les établissements ne pourront plus délivrer le doctorat que dans les domaines pour lesquels ils ont des compétences scientifiques avérées (par l'évaluation des laboratoires de recherche). La qualité du déroulement des formations et recherches doctorales est par ailleurs suivie à travers l'accréditation des écoles doctorales.
Une attention particulière sera accordée à l'une des missions les moins bien assurées par les écoles doctorales actuellement : le suivi de la pousuite de carrière des docteurs. À ce propos Jean-Marc Monteil souligne qu'on parle ici de l'insertion professionnelle de personnes qui ont déjà eu une expérience professionnelle : le doctorat.
Enfin, ils pensent qu'il est nécessaire de s'assurer que les doctorants ne soient pas uniquement des hyper-spécialistes de leur domaine, mais qu'ils acquièrent aussi une ouverture sur d'autres champs disciplinaires autour du leur. La DES insiste sur la nécessité de développer la diffusion de la culture scientifique. Il faut aussi que les doctorants aient une ouverture sur d'autres environnements professionnels, notamment l'entreprise.
Jean-Marc Monteil avait anticipé ce point en
considérant le doctorat comme une expérience
professionnelle dans le cadre d'une formation. Nous
réaffirmons ce principe en faisant référence
notamment aux différents éléments qui vont
dans le même sens, notamment le
rapport de septembre 2003 de l'Inspection
générale de l'administration de l'éducation
Nationale et de la recherche (IGAENR) et aux dernières
discussions au niveau européen à Salzburg.
Nous expliquons qu'il est nécessaire de prendre acte de cette définition du doctorat en l'inscrivant dans la future version de l'arrêté relatif aux « études doctorales ».
Nous indiquons également que ces propositions reposent sur une volonté de responsabilisation des acteurs locaux.
À la demande de nos interlocuteurs nous détaillons
nos propositions concernant le passage d'une procédure
d'inscription d'étudiants à un processus de
recrutement. Nous rappelons les grandes étapes d'un
tel processus :
Jean-Marc Monteil se dit en accord avec cette logique de
recrutement. Il considère cependant que notre
procédure risque d'être perçue comme un peu
« lourde » pour les laboratoires de recherche.
Jean-Pierre Koroliski pense quant à lui que notre
proposition est trop détaillée pour figurer dans un
arrêté. D'une manière générale,
il s'interroge sur l'intérêt de passer par la
réglementation pour mettre en place nos différentes
propositions.
Jean-Marc Monteil souligne notamment que l'intérêt
de procéder à un recrutement des doctorants est que
cela permet de mieux affirmer la politique scientifique d'une
université ou d'un site (les écoles doctorales
étant souvent liées à plusieurs
établissements). Il pense aussi que cela permet une
meilleure lisibilité pour les candidats
étrangers.
Il nous interroge sur la façon dont nous
perçevons la place des universités dans notre
proposition (il rappelle que ce sont les universités qui
sont contractualisées et non pas directement les
écoles doctorales). Nous expliquons simplement que les
écoles doctorales sont les acteurs locaux les plus
à même de mettre en place le suivi de la
qualité de l'ensemble des processus autour du doctorat.
Leur place se trouve à l'articulation entre la politique
scientifique d'un établissement et les besoins
exprimés par les laboratoires de recherche composant
l'école doctorale.
Nous insistons également sur le fait que notre proposition
ne consiste pas à tout réglementer dans le
détail, mais à poser un cadre
général. Il est ensuite de la responsabilité
des acteurs locaux de définir exactement leur
fonctionnement, en cohérence avec ce cadre.
Sans s'engager sur la façon dont la DES prendra compte de
notre proposition, Jean-Marc Monteil réaffirme qu'il la
considère tout à fait intéressante. Il
explique qu'ils se concertent avec d'autres acteurs et que la DES
retiendra les propositions convergentes des différents
partenaires, et ne prendra pas de mesures « orthogonales
avec la volonté du milieu »...
Notre proposition consistant à demander aux
écoles doctorales de fixer elles-mêmes le nombre
maximum de doctorants qu'un directeur de recherches doctorales
peut encadrer, trouve un écho très positif chez nos
interlocuteurs.
Nous tombons d'accord sur le fait qu'il est important de
responsabiliser les acteurs locaux sur cette question et de les
engager dans une démarche d'amélioration
progressive de leurs pratiques.
Jean-Pierre Koroliski nous interroge sur notre perception de la
situation actuelle à ce sujet. Nous soulignons la
très grande
hétérogénéité des situations,
insistons sur le fait que les dérives se constatent dans
toutes les disciplines, et donnons entre autres l'exemple d'un
bilan effectué par l'une des associations de la CJC au
sein de son université : 80% des doctorants sont
encadrés par 20% des HDR, et 20% des doctorants par 80%
des HDR...
Nous passons assez vite sur ce sujet, en nous concentrant sur l'importance de voir s'engager les écoles doctorales dans des démarches d'amélioration continue de leurs pratiques. Pour cela nous recommandons que les moyens supplémentaires qui seront programmés dans la LOPR soient utilisés comme « prime à l'effort » plutôt que comme « prime à l'excellence », afin d'accompagner efficacement les écoles doctorales dans la mise en place de ces démarches.
Nos interlocuteurs sont en phase avec ce principe, qui responsabilise les acteurs par la mise en place d'une auto-évaluation. Le rôle du ministère est alors de veiller à ce que les acteurs entrent bien dans ces démarches.
La CJC a déjà eu l'occasion de rencontrer
Jean-Pierre Koroliski sur cette question. Nous résumons
notre proposition consistant à résoudre les
incohérences actuelles du système de
représentation des jeunes chercheurs par la
création d'un sous-collège au sein du
collège des Personnels. Ce sous-collège
rassemblerait tous les doctorants ainsi que les docteurs non
permanents (ATER, post-docs).
Le système actuel n'est absolument pas satisfaisant
puisqu'il sépare les doctorants entre deux collèges
(Usagers ou Personnels) sur des critères sans fondement
(liés généralement à leur
participation à l'enseignement), et puisqu'il
écarte les post-doc de toute possibilité de
représentation et de vote.
Pour corriger cela, il est nécessaire de modifier le
Code de l'Éducation. Jean-Marc Monteil explique qu'il
n'est pas possible d'insérer cela dans la
préparation de la LOPR car il n'est pas du tout
prévu de légiférer sur l'Université
dans ce cadre.
En revanche, il se dit ouvert à un travail en ce sens
à partir du moment où nous aurons le soutien des
partenaires concernés (CPU et syndicats).
Jean-Pierre Koroliski suggère une autre piste
consistant à ouvrir les conseils scientifique à une
plus grande représentation des doctorants par la
redéfinition du 3e cycle qui se résumerait
désormais au doctorat. Nous répondons que cela ne
répond pas du tout au problème posé.
La préparation de la Loi d'orientation et de programmation
de la recherche prend du retard. Jean-Marc Monteil estime
qu'à moins d'une séance extraordinaire du Parlement
durant l'été, la LOPR ne passera à
l'Assemblée Nationale qu'à l'automne
prochain.
Il reste très prudent sur l'état actuel de la préparation.
La réunion devant se terminer, nous intervenons rapidement
sur cette question, pour critiquer la récente
modification du décret sur les allocataires de
recherche consistant à envoyer les doctorants faire
les photocopies et le café dans les entreprises à
l'occasion de « stages d'initiation à l'entreprise
»... Belle idée pour valoriser le doctorat, sans
compter que la réglementation des stages est
complètement inadéquate au niveau du
doctorat.
Nos interlocuteurs semblent plutôt d'accord et
s'interrogent sur cette initiative de la Direction de la
Recherche...
Il est prévu de se rencontrer à nouveau
ultérieurement pour faire le point sur l'avancement des
réflexions.
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Ce document (/interventions/2005-03-07_des.html
) a été mis à jour le 10 juin 2007