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Réunion de la CJC avec le directeur adjoint du cabinet du ministère en charge de la Recherche, et avec des responsables de la Direction de la Recherche, dans le cadre de la préparation de la LOPR
Pour le ministère :
Pour la CJC :
Après un tour de table, Gilles Bloch introduit la réunion et
propose d'écouter nos commentaires, questions (notamment suite
à la « fuite » d'une version de travail) et nos
propositions.
Florent Olivier rappelle, comme cela avait été fait avec le
cabinet de F. Fillon deux jours auparavant, la demande de
rendez-vous commun avec l'ensemble des partenaires concernés
pour discuter des grandes orientations de la LOPR. Il demande
ensuite où en est la préparation du texte de loi et quel
calendrier est actuellement envisagé.
Les réponses restent floues. Le calendrier de travail
devrait être établi courant février. Ils ne veulent publier
qu'un travail achevé, courant mars, la consultation du Conseil
Économique et Social et du Conseil d'Etat. Nous regrettons
qu'il ne soit pas possible de travailler sur des textes
intermédiaires pour pouvoir réellement avancer
collectivement.
Nous enchainons sur les propositions de la CJC concernant
les objectifs que nous souhaitons voir figurer dans la LOPR
pour les jeunes chercheurs.
Un objectif fort doit guider l'esprit de la LOPR au sujet des
doctorants : achever le processus de reconnaissance du
caractère professionnel du doctorat. Ceci doit conduire à la
définition d'un cadre juridique commun à tous les
doctorants.
Gilles Bloch s'interroge : cela signifierait-il que toute
inscription en thèse entrainera automatiquement un CDD ? Il se
demande immédiatement comment faire pour ceux qui font un
doctorat alors qu'ils sont enseignants du secondaire par
exemple ? Et tous ceux qui font un doctorat « pour le plaisir »
?
Nous lui répondons tout d'abord que c'est minime sur le plan
statistique et qu'il faut traiter ça à part. Sylvain Collonge
précise notre approche en expliquant qu'il ne faut pas
comprendre que tout inscription universitaire d'un doctorant
doit entrainer un CDD, mais qu'un doctorant doit être recruté,
et ceci dans le cadre d'un CDD. Florent Olivier renchérit en
disant que ce manque de cadre contribue à expliquer le manque
d'attractivité de la France sur le plan international : le
flou juridique actuel conduit les doctorants étrangers à se
retrouver en situation illégale au minimum en début ou en fin
de thèse.
Nous insistons sur la notion de recrutement des doctorants :
pour qu'un doctorat se passe bien, il faut s'assurer tout
d'abord que les projets de recherche doctorale soient
correctement définis et établis en cohérence avec la politique
scientifique d'un laboratoire. La responsabilité de définir les
contours (et les moyens associés) d'un projet de recherche
doctoral revient aux laboratoires de recherche, meilleurs juges
de sa pertinence scientifique. Il faut faire connaître ces
projets, et tout mettre en oeuvre pour trouver un candidat de
qualité. Bref, il faut passer d'une logique d'inscription d'un
« étudiant en thèse » à une logique de recrutement d'un
professionnel débutant. Gilles Bloch refuse cette approche
raisonnable par peur de l'effet de régulation des flux d'entrée
en doctorat que cela risquerait d'induire: « nous sommes quand
même dans un pays où il existe la liberté de faire des études
»...
Nous enchainons donc sur un autre aspect.
Nous expliquons que pour atteindre, à terme (idéalement, au
terme de la programmation de la LOPR), l'objectif d'un cadre
juridique commun, il faut mettre en place dans les écoles
doctorales des politiques d'amélioration continue des
pratiques. Cela signifie responsabiliser les acteurs locaux sur
des objectifs généraux bien identifiés, en les laissant mettre
en oeuvre les procédures qu'ils souhaitent, avec un suivi
national pour veiller à ce que les pratiques s'améliorent. Les
moyens supplémentaires programmés dans le cadre de la LOPR
doivent être utilisés pour accompagner et soutenir ces
démarches d'amélioration, sous forme de « primes à l'effort »
(qui récompensent les améliorations), plutôt que comme « primes
au meilleur » (qui récompensent ceux qui affichent déjà des
bonnes pratiques). Pour mesurer les efforts un certain nombre
d'indicateurs simples doivent être utilisés. Par ailleurs,
l'ensemble de ces procédures doivent être transparentes et il
faut encourager les acteurs à rendre publics leurs résultats.
Nous proposons que l'objectif général de cette politique soit
inscrit dans la LOPR. Sa déclinaison technique devrait être
l'objet des réflexions actuelles sur les écoles doctorales
lancées par F. Fillon fin septembre dernier.
Gilles Bloch se montre tout à fait réceptif à ces idées. Selon lui, régulation des pratiques et information vont « dans le sens de l'histoire ».
Elisabeth Giacobino évoque les difficultés actuellement rencontrées par les services de la DR pour rassembler toutes les informations sur les écoles doctorales et surtout sur le devenir des docteurs.
Maurice Gross rappelle une étude faite sur la cohorte
d'allocataires de recherche de 1992-1993 pour laquelle le taux
de soutenance des doctorants à l'année N+3, N+4, etc. a été
mesuré. Il a été consterné d'apprendre que dans certaines
disciplines, les allocataires sont 1/3 à ne pas avoir avoir
soutenu après 8 ans... Il s'interroge sur les raisons de
ces chiffres alarmants. Aurélie Peyrin mentionne une première
explication : l'absence totale d'encadrement dans certains
endroits. Sylvain Collonge complète : quand un doctorant
définit tout seul son sujet de thèse sans aucun rapport avec la
politique scientifique de son laboratoire d'accueil, le travail
prend du retard, voire n'aboutit pas.
Nous passons ensuite en revue, à leur demande, les
principaux indicateurs quantitatifs et qualitatifs, qui nous
semblent intéressants de suivre :
La plupart des données sont déjà disponibles dans les
enquêtes du ministère, mais elles sont « brutes », donc sans
poids. À partir de ces données, il faut construire et afficher
les indicateurs mentionnés ici pour envisager un véritable
suivi quantitatif et qualitatif au niveau local comme au niveau
national.
Sylvain Collonge propose une publicité de ces indicateurs au volontariat. Elisabeth Giacobino acquiese : il faut des mesures incitatives et non pas punitives.
Michel Eddi prend le relais : il explique que la DR travaille sur les démarches qualité en doctorat, avec des écoles doctorales volontaires. Il nous consultera prochainement pour avoir nos retours sur ce travail.
Maurice Gross résume la démarche que nous suggérons
:
Florent Olivier en profite pour revenir sur l'importance de
l'affichage des indicateurs, pour faire naître justement
l'émulation.
Au détour de la discussion, Maurice Gross nous interroge sur
notre travail d'évaluation de la charte des thèses. Il se dit
très intéressé par les résultats que l'on pourra lui
communiquer. Nous expliquons que nous allons valider un outil
d'évaluation de la conformité des chartes avec la charte type
du ministère lors de notre réunion nationale à La Rochelle les
26 et 27 février.
Nous insistons sur la nécessité d'un plan ambitieux. Florent
Olivier reprend les demandes des États Généraux et de la CJC.
Nous rappelons notamment l'objectif de revenir à un recrutement
le plus précoce possible après le doctorat, avec une limite
haute fixée à « début de doctorat + 6 ans » pour pouvoir
candidater sur un poste de CR2 (Chargé de recherche 2e classe).
En complément il faut ouvrir les niveaux d'entrée (CR1) pour
les personnes plus expérimentées.
Par ailleurs, nous essayons d'en savoir plus sur l'état de
la programmation des moyens. Gilles Bloch répète que pour le
moment, rien n'est arrêt. La seule chose qui soit sûre, c'est
l'enveloppe globale d'un milliard par an supplémentaire d'ici
2010.
Nous évoquons rapidement les quelques points intéressants qui
apparaissaient dans le texte « fuité » :
Yves Fau réexplique le principe de ce protocole : l'État
prend en charge les charges sociales patronales associées aux
salaires. Le protocole est applicable pour les financements
dont la durée est de 6 mois minimum. Il ne prend pas en charge
les docteurs mais uniquement les doctorants.
Maurice Gross ajoute que la limitation du nombre en 2004 résultait des réticences initiales des payeurs de libéralités pour entrer dans le système, et que le ministère offrait plus que ce qui a été fait.
Florent Olivier répond qu'il faut communiquer sur ce
protocole, car il reste encore mal connu.
Maurice Gross est étonné qu'il n'y ait pas plus de libéralités... par rapport aux chiffres annoncés par la CJC dans son rapport l'année dernière. Florent Olivier rappelle que les autres bailleurs de libéralités sont à chercher dans les ministères. Elisabeth Giacobino explique que pour ces libéralités, le ministère de la recherche est impuissant pour agir...
Bloch conclut la réunion et considère qu'elle était très enrichissante pour eux, car nous avons une pratique quotidienne du terrain qu'ils n'ont pas. Il explique pour terminer qu'ils vont pouvoir appuyer, dans les négociations, sur la notion de politique d'amélioration des pratiques.
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Ce document (/interventions/2005-02-09_dr.html
) a été mis à jour le 10 juin 2007