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Réunion du Parti Socialiste à Rennes sur le thème « Priorité à la recherche » avec Jean-Yves Le Déaut, député, secrétaire national de la recherche au PS - 28 novembre 2002
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Pour la CEC : Alban Cornillet, président, Ronan Amicel et Sylvain
Collonge (Note : les trois seuls doctorants de l'assistance).
Cette réunion a été programmée à l'occasion de la venue à Rennes
de Jean-Yves Le Déaut (secrétaire national du PS, chargé de la
recherche). Celui-ci profite de ses déplacements en France pour
initier ce genre de réunions à propos de la recherche.
La réunion s'est déroulée au siège de la fédération du PS à
Rennes. Une vingtaine de personnes étaient présentes. La réunion
s'est déroulée en deux temps : J-Y Le Déaut a présenté sa vision des
enjeux qui animent le débat actuel sur la recherche puis un échange
avec l'assistance a eu lieu.
J-Y Le Déaut (JYLD) a commencé en évoquant quelques « principes »
de la science (principe de « progrès », de précaution) pour en
arriver au fait que la science devait avoir une place importante dans
une société contemporaine, en rappelant son impact sur les sociétés
(construction et transmission des savoirs, création de croissance
économique, etc.). Du fait de cet impact, il a noté la nécessaire
implication des citoyens (exemple de la première conférence citoyenne
en France sur les OGM qu'il a contribué à mettre en place en 1998) et
le besoin de sortir de la confrontation entre l'avis des experts d'un
côté et celui d'associations « contestataires » de l'autre.
La recherche devrait donc être une priorité dans les pays
développés, pourtant ce n'est pas le cas en France, qui se retrouve
au niveau européen à la dernière place concernant l'effort de
développement du budget consacré à la recherche sur la période
1995-2000.
JYLD a rappelé ensuite quelques particularités du système de
recherche français (EPST, universités, grandes écoles?) puis a fait
la critique du budget 2003 du nouveau gouvernement. Il dénonce un
budget en trompe l'?il, avec pour la première fois une baisse des
postes CNRS (137) et INRA (15), et s'interroge sur l'objectif des 3%
du PIB consacré à la recherche. Il note qu'il n'existe aucune
assurance que la part de financement privé de la recherche (objectif
2/3 pour 1/3 de financement public) augmente et contribue réellement
à la prospérité de la recherche française. Concernant l'emploi, il
déplore que la politique de recrutement pluriannuel obtenue pour
l'université alors que la gauche était au pouvoir ait été
annulée. Pour lui, cette politique en dent de scie ne peut que
conduire à une démotivation des chercheurs et une perte
d'attractivité du système de recherche. Il évoque notamment les
problèmes du doctorat (financement, conditions de travail, cf. plus
loin).
JYLD a évoqué plus précisément deux points : la décentralisation
et l'Europe.
La décentralisation telle qu'elle est envisagée par le
gouvernement actuel lui semble potentiellement dangereuse à cause de
son approche « expérimentale » manquant de contrôle. Certains points
nécessitent donc d'être vigilants, et notamment la
recherche. Certains aspects peuvent entrer dans le cadre de la
décentralisation (tout ce qui concerne les décisions de proximité,
accueil des étudiants, diffusion de la culture scientifique,
transfert de technologie), mais plusieurs problèmes se posent comme
celui de l'entretien des bâtiments (qui serait un moyen pour l'état
de se décharger de ce problème) ou plus généralement de la dépendance
politique des universités par rapport aux Régions. Si la
décentralisation est nécessaire, il est capital de réaffirmer le
caractère européen et international de la recherche.
6e PCRDT : 11.3 milliards d'euros soit 5% de la somme des budgets
nationaux de recherche. Pour JYLD, ce chiffre montre qu'il n'y a pas
encore de vraie politique européenne de le recherche, alors qu'il y a
un réel enjeu de construction d'une « Europe de la connaissance ». Il
souligne la part très faible (2%) consacrée aux « sciences
économiques et sociales » (contre 32,1% consacrés aux NTIC). Parmi
les obstacles à surmonter, il note le danger de faire perdurer des
fractures (est/ouest en Europe, tout comme une fracture nord/sud au
niveau mondial). L'espace européen de la recherche doit être
solidaire. Il faut aider les « jeunes équipes » à entrer dans les
réseaux d'excellence. Il déplore la baisse de l'accueil des étudiants
étrangers (surtout en 1e et 2nd cycles). Il propose que la future
Constitution européenne inclue la création d'un espace européen de
l'enseignement supérieur, de la recherche, de l'innovation et de la
communication.
Pour conclure, JYLD annonce qu'il compte faire une proposition
pour le congrès du PS sur les enjeux de la recherche.
Plusieurs questions sont soulevées lors des interventions,
notamment sur les questions de financements européens dont le
contrôle est peu rigoureux et des risques de désengagement des
financements nationaux. La question de l'harmonisation des diplômes
au niveau européen est également abordée.
Concernant plus particulièrement la formation doctorale, JYLD fait
un bilan très juste de la situation avant même notre
intervention (. Il rappelle donc quelques points essentiels sur le
financement correct des doctorants, sur la protection sociale, sur
l'application de la charte des thèses, sur le rôle de suivi des
écoles doctorales, sur l'allégement et la transparence nécessaire des
procédures de recrutement dans l'enseignement supérieur et la
recherche. Il rappelle son attachement à un recrutement « jeune »
même si l'apport scientifique du post-doctorat lui semble
important. Il enchaîne sur un petit mot pour le « monitorat
généralisé » (mais le « couplage » avec l'allocation de recherche
n'est plus évoqué (), qui permet aux doctorants de diversifier leurs
compétences (enseignement, missions en entreprise). Il se prononce
également pour l'ouverture des grands corps d'État au diplôme de
docteur, pour un allégement des services des jeunes maîtres de
conférence. Bref, l'essentiel du discours CECien?
Notre intervention a donc simplement consisté à préciser certains
points précis, comme le renforcement de la charte des thèses en y
introduisant des aspects contraignants (sur la prime d'encadrement
doctoral par exemple), ou encore l'indexation de l'allocation de
recherche sur le coût de la vie. Nous avons aussi ajouté un point sur
la représentation des doctorants dans les différentes instances (on
était en pleine campagne CNESER ;-).
La réunion s'est ensuite terminée par un pot et nous avons fait la
fermeture du siège du PS avec un professeur en sociologie de Rennes
2, qui faisait quelques difficultés à reconnaître que les doctorants
ne sont plus des étudiants ;-)
Les enjeux de la décentralisation
L'Europe et le 6e PCRDT
Interventions
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Ce document (/interventions/2002-ledeaut.html
) a été mis à jour le 10 juin 2007