cjc.jeunes-chercheurs.org/interventions/2001-eurodoc/index.html
Du 1 au 4 mars 2001 s'est tenue en Suède, à Uppsala, une conférence sur les études doctorales en Europe : Eurodoc 2001. La CEC était invitée à y participer pour la France en tant qu'association nationale de doctorants.
La conférence était extrêmement bien organisée et tous les frais étaient pris en charge par les organisateurs. Elle se déroulait en parallèle avec une réunion des ministres européens de la recherche, la Suède présidant l'Europe à ce moment-là. Nous avons ainsi pu échanger quelques mots avec les représentants français du ministère lors d'un buffet commun. Vous pouvez voir des photos de la conférence et des participants, provisoirement stockées ici.
Programme détaillé sur le site d'Eurodoc 2001.
Plan du compte-rendu :
vendredi 2 mars, 9h00 - 12h00
Seuls les pays de l'UE présents pouvaient présenter : Suède, Grande-Bretagne, Portugal, Grèce, Danemark, Pays-Bas, Italie, Allemagne, Espagne, France. Etaient aussi présents : Hongrie, Estonie.
Chaque pays devait au préalable fournir un texte en anglais présentant les études doctorales dans son pays, ainsi qu'un poster. Ces textes seront à terme mis sur le web d'Eurodoc.
Vous pouvez néanmoins voir le texte de la CEC présentant les études doctorales en France, ainsi que le poster (powerpoint).
Durée théorique de la thèse : 4 ans, mais plutôt 5-6 ans en réalité ; âge théorique : 24-28 ans, en réalité : 28-35 ans. Le sytème de formation a été revu il y a quelques années pour aller vers le système danois ; il y a un système de thèse à points. Tout le monde enseigne (trop d'heures d'enseignements), la Suède n'a pas pris en compte la massification de l'enseignement supérieur dans les années 70. Financement : 1400 - 2000 euros / mois. Les doctorants sans financement sont difficiles à comptabiliser ("shadow students"). Possibilité théorique de changer de directeur de thèse durant la thèse.
La thèse est vue comme une expérience personnelle pour son propre épanouissement, et le doctorant est très libre de ce qu'il peut faire (travailleur indépendant, professionalisme). Les anglais collaborent très peu avec l'étranger et ne sont pas très mobiles hors GB. Il y a 4 sources de financements possible et pas de sécurité sociale associée. La soutenance est ardue : il y a une première présentation du travail dans l'équipe d'accueil qui peut durer plusieurs jours, puis la soutenance elle-même qui peut durer une journée, et lors de laquelle il est possible de se faire ajourner.
Durée théorique : 2 ou 3 ans, en réalité 4, 4+1/2 ans. La sélection des doctorants à la préparation de la thèse se fait sur CV, ou par élaboration d'un projet de recherche qui est (ou non) accepté. Chaque année, le doctorant doit faire une présentation de son travail. Les rapporteurs de la thèse comportent des étrangers afin d'avoir des spécialistes, peu nombreux au Portugal. Le financement est assuré par les universités ou des organismes de recherche (?). Très forte dépendance du doctorant par rapport au Directeur de thèse (pas de vacances en théorie, ...)
Les doctorants grecs ne payent pas d'inscription à l'université mais doivent 11h de travaux / semaine pour l'université en échange, même en cas de travail à mi-temps pour financer la thèse par ailleurs. Il faut avoir un Bac + 5 (Master) pour débuter une thèse, et il y a beaucoup de doctorants étrangers en Grèce. Le financement est assuré par un organisme spécifique (FYK, ou quelque chose comme ça). Grosse majorité des doctorants en Arts/Sciences Humaines.
Le cursus qui conduit au doctorat est de la forme 5+3 ou 4+4 (ce dernier a été mis en place pour alpaguer les étudiants plus tôt afin qu'ils continuent en thèse). 5000 doctorants au total. Les doctorants ont plusieurs tâche à remplir : Recherche / Partage des connaissances (enseignement, particpation aux conf, articles) / Se former / Recherche à l'étranger (6 mois) / 840 h de service sur 3 ans dans le département. C'est un peu trop de missions diverses. L'étudiant rédige un "study plan" qui explique comment il va mettre en oeuvre chacun de ces points (quels cours, quelles conf, etc.) et qui est accepté ou refusé par un comité. Le financement est le même pour tous: 3000 euros / mois (oui, trois mille, cela afin de d'attirer des gens en thèse). Le financement est lié à une personne et non pas à un sujet de recherche, donc possibilité de changer de sujet en cours de thèse. Le coût total d'un doctorant est estimé à 200 000 euros.
2 types de financements : AIO (avec enseigenement) et OIO (sans enseignement). Il y a des cours à suivre et le travail est considéré comme un vrai travail.
Le système italien a été bizarre puique jusqu'en 1981, il n'y avait qu'un seul grade à l'université : Docteur (et donc, tout le monde était docteur ! ). On commence une thèse après 5 ans à l'Université. Le financement est d'environ 1000 euros / mois, obtenu il y a quelques années. L'Italie est le seul pays où il y a plus de filles docteurs que de garçons (51%). La situation post-thèse est critique (pas ou très peu de postes) => fuite des cerveaux à l'étranger et le doctorat est un handicap pour entrer en entreprise.
Vous pouvez lire la présentation écrite ou voir le poster à partir de cette page.
80% des étudiants font une thèse pour avoir de meilleures embauches dans le privé (en plus d'autres critères comme l'intérêt personnel pour 64%). Chaque université a ses propres règles concernant la thèse. Le manuscrit n'est relu que par le directeur de thèse, et il n'y a pas besoin de soutenance. Il y a quand même une présentation orale (mais pas sur la thèse) d'environ 30 minutes suivi de questions sur la thèse cette fois-ci. Le financement est d'environ 1200 euros / mois.
Il y a évidemment des différences entre la durée théorique (2+2 ans) et la durée pratique (2+ xxx). Il y a des chiffres comparables à la France (61000 doctorants , 12500 soutenaces, d'où un assez fort taux d'abandon). Le financement le plus haut est inférieur à 900 euros (~850 euros). Les espagnols sont en discussion avec leur gouvernement pout obtenir des améliorations (ils n'ont pas de sécurité sociale par ex.) et une manif à Madrid en février a amené 3000 manifestants, à la surprise des organisateurs.
Voir le texte en anglais.
vendredi 2 mars, 13h30 - 15h00
par Pr. Torsten Nybom (qui a travaillé dans
diverses universités de par le monde).
La conférence a débuté par un rappel historique des université en Europe avec le mise en place de 3 modèles : le modèle britannique (Cambridge / Oxford, on forme des gentlemen, l'accent est mis sur la formation undergraduate), le modèle germanique (on mise sur la recherche, la connaissance) et plus tard le modèle français (les grandes écoles, on forme des professionnels). La mobilité était déjà de mise dans le modèle germanique, on allait étudier à Paris ou dans les autres grandes universités européennes.
A côté s'est développé le système américain, basé sur le marché: si il y une demande pour une université avec des cours faciles, on la crée. La mobilité a été tout de suite de mise, les universités s'associant pour créer des systèmes de points permettant aux étudiants des équivalences entre universités qui passaient des accords. Aujourd'hui, il y a quelques universités de prestige qui recrutent sur toute l'Amérique (Harvard, Berkeley, ...) à partir d'un nombre limité d'établissement, voir au-delà des US ; et d'autres qui ont compris qu'elles sont plus modestes et qui n'essayent pas de rivaliser.
En Europe, la massification de l'enseignement supérieur pose problème: chaque université a pour mission de proposer un enseignement de qualité à chacun (c'est la grande idée de la formation pour tous, la connaissance à la portée de chacun). Or, il n'est pas possible d'avoir un enseignement massif de haute qualité partout, car ça coûte bien trop cher...
Question / suggestion :
Il faut créer des centres d'excellence en Europe (qui attireront les meilleurs éléments européens) et arrêter de penser qu'on est capable d'avoir 1000 centres d'excellence (partout où il y a une université) car ce n'est pas viable. De ce point de vue, on ne peut qu'aller vers une "américanisation" du système européen.
Il faut se poser la question du financement des universités. 2 logiques s'affrontent : gratuité ou peu cher, tout le monde a accès à la culture. Ou alors : pourquoi est-ce à l'Etat de payer la formation très chère d'un polytechnicien (par ex.) alors que ce dernier est assuré d'avoir un bon boulot à la fin ? Dans ce cas, le coût des études est un investisement individuel de chacun. A défaut d'avoir une réponse, il faudrait au moins se poser la question et affronter le problème...
vendredi 2 mars, 15h30 - 17h00
par Pr Stig Stömholm, ex-président de l'Université de Uppsala (membre
ou ex-membre de diverses académies, professeur émérite
dans plusieurs universités).
Il y était question là-encore de la massification de l'enseignement supérieur, et de la nécessité d'avoir des financements, de faire attention à ce que les universités ne soient pas à la solde des entreprises si ces dernières les financent.
samedi 3 mars, 9h30 - 11h00
par Pr Daniel Trachs ex-Secrétaire
Général du Conseil de l'Europe (le conseil de l'Europe est plus large
que l'UE, avec une quarantaine de pays).
L'exposé a commencé par la mise en avant de l'importance de la formation donnée dans les universités en Europe : de nombreux présidents ou premiers ministres des ex-pays communistes sont des professeurs d'université en Sciences Humaines ou Droit. L'avantage de la formation académique se trouve dans l'ouverture d'esprit, les angues étrangères, ou encore le jugement politique.
Quel rôle doit jouer l'Europe dans le futur ? On parle de plus en plus de compétitivité ou d'emplois. Si on regarde comment est dépensé l'argent pris à chaque pays pour les projets de recherche, on voit que peu est dépensé pour les sciences humaines ou les disciplines artistiques. L'Europe est trop tournée vers la technologie, voir les intentions pour le 6ème PCRD (Vers un espace européen de la recherche ), alors que l'Europe a besoin aussi d'autres choses, comme de réfléchir à son histoire, s'intéresser à la culture, ...)
On ne peut envisager une Europe sans coopération, ni mobilité. Les législations différentes sont néanmoins un obstacle, ainsi que les coûts induit par la mobilité. Il faut favoriser la mobilité avant l'enseignement supérieur, dès le secondaire.
La mobilité n'est pas tout : comment créer un esprit européen sans réelle démocratie ?
samedi 3 mars, 11h30 - 13h00
par Agnès Wold
Lire "A chair of one's own", Nature, vol 408, p 647, 7 décembre 2000.
L'exposé a débuté avec une présentation des taux de femme dans l'enseignement supérieur : à chaque étape thèse -> postdoc / assistant prof. -> associate prof. -> professor, le taux de femmes diminue. Les pires pays en la matière sont les pays germanophones (Suisse, Allemagne, Autriche) sans que cela puisse être clairement expliqué. La France est plutôt bien classée. On notera que les explications du phénomène "plus d'homme que de femme" par la vie de famille des femmes sont fausses, il est prouvé que les femmes qui ont des enfants sont tout autant productives, voir plus, que celles sans enfant.
Une étude a été faite sur les procédure du MSR, un organisme suédois qui attribue des fonds dans le domaine médical. Après étude des critères pris en compte, il s'est avéré que le plus important était la compétence des demandeurs, jugée principalement sur les publications et particulièrement l'importance des revues.
Des comparaisons ont été effectuées entre hommes et femmes : pour avoir la même note que les hommes, les femmes devaient avoir publiées 2 fois plus (à qualité egale de publication) ! Afin d'être sûr que c'était bien le sexe l'élément discriminant et non pas autre chose (par ex. le domaine : biologie ou médecine, la connaissance d'un membre du comité, avoir fait un postdoc, venir de telle ou telle université), une étude plus avancée a été effectuée, et il s'avère que le seul autre critère pertinent est la connaissance d'un membre du jury.
En résumé, une femme connaissant un membre du jury a autant de chance qu'un homme ne connaissant personne, à compétence égales. Les hommes connaissant un membre dans le jury ont plus de chances que tous les autres, et les femmes qui ne connaissent personne n'ont aucune chance.
Afin de lutter contre cette discrimination, plusieurs solutions sont envisageables, dont la définition prélalable de critères de sélection. En effet, si les critères suivant lesquels on juge sont clairement établis, on a pu remarquer que la sélection était alors plus juste. Avoir plus de femmes dans les jurys est aussi un argument car même si elles ont tendance à avoir les mêmes préjugés pro-hommes, ils sont moins affirmés. Il est aussi utile d'avoir de nombreuses informations, afin de diminuer l'importance de la seule donnée de l'appartenance sexuelle.
samedi 3 mars, 14h30 - 17h30
Cet atelier, suivi seulement en partie, a consisté en une présentation d'un projet sudéois pour améliorer l'encadrement suivi d'une discussion. Les propositions faites par l'organisation nationale suédoise des doctorants en association avec l'union nationale des professeurs comportent plusieurs points :
Le terrain en Suède était propice à l'établissement de ces mesures qui ont été bien accueillies par les chercheurs ; des formations ont déjà été mises en place avec succès.
Rôle de l'encadrant :
Il a aussi été question du "study plan" que les doctorants doivent rédiger avec leur directeur de thèse dt et qui guide leur recherche; n'est-ce pas un piège pour le doctorant si le directeur l'utilise contre lui (dans les faits c'est plutôt l'inverse) ? Les cas extrêmes ont été évoqués : biologie où le directeur établit le study plan seul, et sciences humaines ou, au contraire, le doctorant établit seul le "study plan".
Réflexions finales :
Ce point de vue est l'autre face de la charte des thèses, car il y a de fortes accointances entre le rôle du directeur de thèse tel qu'il est vu par le projet suédois et tel que l'envisage la charte des thèses actuelle. Un peu comme la charte, il a pour but d'être un ensemble de bons conseils, sur la base de "le directeur de thèse ne veut pas que son doctorant fasse une mauvaise thèse". Il ne s'agit pas de forcer les directeurs de thèse à faite telle ou telle chose, mais de leur montrer où est leur intérêt s'ils veulent que le doctorant fasse du bon travail.
samedi 3 mars, 14h30 - 17h30
Cet atelier a été détourné de sa vocation première pour devenir le groupe de réflexion sur "Eurodoc 2001, et après ?"
Il y a eu une présentation de PI-Net, à laquelle la CEC avait adhéré.
Il a été décidé de créer une association de "jeunes chercheurs" européens (a priori limité à l'UE, mais ça se discute). Un bureau provisoire a été choisi pour rédiger les statuts, basés sur ceux de Pi-Net ; les buts précis seront choisis après lecture des divers textes de présentation des études doctorales, pour dégager les idées communes. Dans ce pré-Bureau : Enrico Piazza (Italie / Norvège), Sofia Murhem (Suède), Tony Gabaldon (Espagne), Alexandra Lewis (Grande-Bretagne) et Raoul Tan (Pays-Bas, pour 6 mois). A priori là-encore : un pays = une voix, les adhèrents sont les associations nationales de doctorants. Problème : pays où il n'y a pas d'associations nationales ? Pays où il y aurait plusieurs associations nationales ?
Une mailing-list va être mise en place et un site web doit être créé (Suède + Allemagne).
L'Espagne est volontaire pour organiser Eurodoc 2002 à Madrid (une alliance France-Allemagne a été évoqué les jours d'avant).
Sinon, on a discuté sur le rôle d'une telle association (faire entendre notre voix à Bruxelles ?), sur l'opportunité de contacter les députés européens, sur le nom à donner à la future assoc (eurodoc, mais si ça existe déjà ?) et sur qui elle représente (pas les doctorants car il y a des associatins qui acceptent les docteurs, peut-on prendre le vocable "jeune chercheurs" ?) quelles relations avec la presse, doit-on écrire un manifeste (non, on ne va pas commencer une assoc. en braquant les politiques contre nous), etc.
Il faut aussi envisager le futur de Pi-Net. Peter Kerey (Hongrie) qui a mis Pi-Net en place a invité par la suite les associations adhérentes à y réflechir.
dimanche 4 mars, 11h00 - 12h00
Ce point a été ajoutée au programmes après demande des associations.
NPC - National Postgraduate Committee : http://www.npc.org.uk
Créée inofficiellement au milieu des années 80, NPC a vu le jour en 1991. Elle a un secrétaire salarié et vit des cotisations des associations adhérentes (une quarantaine d'associations d'étudiants et pas juste doctorants si j'ai bien compris, bien que ce soit une association de post-graduate). Elle organise une conférence par an.
Pas d'association nationale
Pas d'assoc nationale ni même locales, mais désir de mettre une mailing-list et un site web en place.
Pas d'association nationale, car pas de revendication. Néanmoins, ils essaient depuis plusieurs années de créer une structure nationale.
LAIOO : http://pubwww.tudelft.nl/laioo/
Là-encore il s'agit d'une fédération.
ADI : http://www.dottorato.it/
Adhérents individuels. Depuis que l'association a obtenu une bonne amélioration du statut du doctorant, elle est en sommeil. Elle marche par groupe de travail.
THESIS : http://www.thesis.de
Membres : individus. Environ 300/400 membres sur l'Allemagne. Réunions locales régulières des adhérents.
FJI : http://www.precarios.org
Plusieurs tentatives de créer une assoc. nationale depuis 10 ans ont échoué. En 1999, ça a marché, car il y a une forte grogne des doctorants espagnols. C'est une fédération d'associations, qui grossit toujours et qui négocie avec le gouvernement.
CEC : http://garp.univ-bpclermont.fr/cec/
Pierre-Eric Poble et Frédérique Voisin-Demery, mars 2001
contact @ cjc . jeunes-chercheurs . org © 1996-2024 Confédération des jeunes chercheurs.
Ce document (/interventions/2001-eurodoc/index.html
) a été mis à jour le 16 mai 2008