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Document tiré de : cjc.jeunes-chercheurs.org/interventions/1997-andes/roth.html
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Résumé de la journée ANDèS (par E. Roth)


Déroulement de la journée

Le matin, les associations d'étudiants chercheurs purent exposer leur point de vue au début de la journée. Une table ronde, en fin de matinée, donna la parole à des enseignants, aux représentants de l'ANDès et de l'association Bernard Grégory, et permit d'entendre le vice recteur de l'université d'Anvers, et le responsable de l'une des formations doctorales de l'université de Varsovie, faire part de leur expérience. L'après-midi des représentants de grandes entreprises et de PME exposèrent ce qu'ils attendent des jeunes docteurs. Et des conclusions furent tirées, après une seconde table ronde, par le directeur général de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Participation

Plus d'une centaine de participants sont venus au conservatoire des arts et métiers le 15 mai, en proportions équilibrées entre étudiants-chercheurs, enseignants, représentants d'associations et de l'administration du ministère.

Contenu des contributions

Les étudiants-chercheurs présentèrent les réponses d'une centaine de membres de leurs associations à une enquête suscitée par l'ANDès. Quelques unes des réponses les plus caractéristiques sont les suivantes : soixante-quinze pour cent de ceux qui ont donné leur avis se déclaraient prêts à postuler un emploi en entreprise, et 53% ne pensaient pas que cet emploi dut nécessairement être un emploi dans la recherche ; 66 % attribuent leur attitude à la préparation au niveau du DEA, et 63% ne se sentent pas aidés dans la recherche d'un emploi en entreprise par leurs laboratoires contre 17% seulement qui estiment le contraire.

On note parmi les souhaits et propositions :
a) que le contact avec le monde industriel soit effectué tout au long de la préparation du doctorat, par des conférences, des visites, les doctoriales etc.
b) que le doctorat ouvre la porte aux emplois d'état, par exemple que des places soient réservées aux docteurs à l'entrée de l'ENA (et il s'agissait dans le contexte de docteurs en sciences).
c) que le doctorat soit reconnu dans les conventions collectives. Enfin des actions sont souhaitées, tant pour promouvoir l'image du doctorat auprès des entreprises que pour faire évoluer l'état d'esprit des formateurs pour que ceux ci comprennent que les doctorants 'irrigueront d'autres équipes, ou exerceront d'autres métiers que la recherche. Certaines actions pourraient s'inscrire dans le cadre des 'contrats de thèse' proposés par la Confédération des Etudiants-Chercheurs, d'autres, telles que la publication des diplômes délivrés de docteurs, à l'instar de la publication du nom des admis aux grandes écoles ou aux agrégations, sont plus symboliques.

Les solutions apportées au problème de l'insertion des docteurs dans le monde de l'entreprise par le système CIFRE ont été exposées par la directrice du programme CIFRE à l'ANRT. En faisant pénétrer des candidats au doctorat dans les PME le nombre de docteurs dans ce type d'entreprises augmente, et aussi de façon plus générale que l'emploi, le partenariat CIFRE favorise les transferts de technologies entre recherche publique et recherche industrielle. Sur le plan individuel le bénéfice tiré d'un contrat CIFRE a été illustré par l'exposé d'un ancien titulaire devenu directeur général d'une PME.

Deux universitaires étrangers ont exposé leurs solutions. L'un, le vice recteur de l'université d'Anvers, comment le curriculum des doctorants contenait l'équivalent d'une année complète de cours parmi lesquels un tiers pouvait, au choix de l'étudiant, consister en cours d'économie ou de tout autre sujet sur le monde industriel pourvu qu'un nombre suffisant d'étudiants le demandent, soit une douzaine peut-être.

Quant au responsable de la formation des docteurs en biologie moléculaire à l'institut de biochimie et biophysique de l'Académie Polonaise des Sciences, il a insisté sur le bénéfice, pour le placement des thésards, des thèses réalisées en cotutelle, de l'expertise en informatique et en langues des doctorants, du contact direct avec les employeurs potentiels, souvent eux-mêmes anciens docteurs de son institut. Il a aussi attiré l'attention sur l'incitation qui est faite, avec succès, de procéder chaque fois que cela est possible à des dépôts de brevets à l'occasion de résultats obtenus au cours de la these.

L'Association Bernard Grégory, (ABG), attira l'attention sur l'effort fait pour présenter le monde de l'entreprise aux doctorants dans le cadre des 'doctoriales' qui réunissent les participants pendant une semaine, notamment avec des représentants d'entreprises. Dès l'année scolaire 1997-98 les doctoriales, dont les coûts seront en grande partie couverts par le ministère, toucheront environ deux mille doctorants. Il faut, néanmoins, toujours convaincre certains directeurs de thèse non seulement de couvrir le restant des frais d'inscription, mais même de laisser leurs thésards participer à ces doctoriales.

Le CEA stabilisera le nombre de thésards qu'il gère aux environs de mille, son niveau actuel. 25% des thèses sont réalisées en partenariat avec l'industrie et permettent ainsi l'ouverture souhaitée vers les entreprises. Mais il est prévu d'amplifier les actions de formation pendant la thèse, d'intensifier la préparation à l'entretien d'embauche, de suivre le devenir professionnel des docteurs, et d'avoir une politique d'accueil des post-docs.

Un membre de l'ANDès rappela que les membres de l'ANDès, présents dans de nombreuses entreprises, pouvaient être sollicités pour devenir des correspondants de doctorants désireux de s'informer sur les possibilités de telle ou telle branche d 'activité. Certains aussi pouvaient procurer des stages en entreprise. Enfin il suggérait qu'un rapport sur un sujet industriel, préparé et rédigé en six semaines, pourrait sans allonger appréciablement la durée des études, prouver à un employeur éventuel que les capacités du candidat n'étaient pas limitées à l'étude de problèmes théoriques.

Discussion autour des communications de la matinée

Les étudiants-chercheurs représentant diverses associations firent les remarques suivantes : il y a souvent un certain isolement du chercheur, une mauvaise connaissance aussi de sa part de l'après thèse, et le jeune docteur est également isolé. Il devrait y avoir une catégorie 'chercheur' dans les conventions collectives. Les doctorants devraient être représentés aux conseils des UFR et aux conseils d'administration des universités. Les directeurs de thèse devraient mettre les étudiants-chercheurs en contact avec les industriels, leur procurer des stages. Les doctoriales devraient être gratuites. Les doctorants, et en particulier les CIFRE, ne doivent pas être considérés seulement comme de la main d'oeuvre gratuite.

Les représentants universitaires, ceux d'organismes, de l'ANRT, etc. intervinrent aussi. Le directeur de l'ABG fit remarquer que les entreprises privées embauchent en recherche autant de docteurs que d'ingénieurs, mais comme le flux de docteurs est beaucoup plus important, cela correspond à une proportion de 1/2 pour les ingénieurs et 1/5 pour les docteurs. La responsable des CIFRE à l'ANRT indiqua que 75% des titulaires de contrats CIFRE sont recrutés dans l'industrie. 80% d'entre eux sont des universitaires purs.

Et un directeur général d'entreprise, ancien titulaire de contrat CIFRE, expliqua combien son expérience lui avait été profitable. En particulier il fut obligé de plonger dans la technique. Le directeur de l'ABG, appuyé par plusieurs intervenants, souligna que les recrutements se font sur la compétence et le profil général du candidat beaucoup plus que sur le sujet de la thèse. Des représentants de l'ANDès rappelèrent les efforts faits pour que les recrutements dans l'enseignement supérieur ne se fassent qu'après l'obtention de la thèse ; et ils ont attiré l'attention du ministère sur le libellé des thèses et des diplômes, qui actuellement occulte le caractère national du titre de docteur.

Les contributions des industriels

Le directeur de la recherche du groupe Saint Gobain, profitant du retard à l'ouverture de la session de l'après-midi, rappela les exigences de ponctualité de l'industrie. Il dit ensuite que l'objet de la recherche dans l'industrie était de créer de la technologie. Les chercheurs et techniciens doivent être très mobiles. Aussi, lors du recrutement, on considère ce que le candidat sera susceptible de faire au cours d'une carrière. Parmi les 60 a 70 jeunes recrutés pour la recherche par an, 30 à 50 pour cent sont docteurs, mais de ceux ci une majorité est aussi ingénieur de grandes écoles. Ceci ne serait pas un choix délibéré, les CIFRE sont aussi appréciés. Par contre peu de post-docs sont recrutés, s'ils n'ont pas été suivis avant leur départ. En résumé les recommandations aux étudiants-chercheurs étaient : connaissez-vous vous-mêmes, faites quelque chose qui vous passionne, soyez professionnels.

Un directeur de recherches de la société Péchiney constata que l'entreprise ne créait plus d'emploi ce qui hypothéquait l'avenir. Par ailleurs il ne semblait pas y avoir assez de jeunes passionnés par la recherche. Mais il estimait favorable que, au cours de leurs études, 200 000 jeunes aient été à l'étranger. Une recommandation : soyez charismatiques.

Le directeur d'une PME se consacrant à la physico-chimie appliquée à la microbiologie indique emploie 30 chercheurs sur un effectif de 60 personnes. Ce sont des docteurs, des PhD, mais 5 docteurs seulement ne sont pas ingénieurs. Le sujet de la thèse n'importe pas pour le recrutement, ce qui compte c'est que le postulant ait le goût de la recherche appliquée et maîtrise la langue anglaise.

Un directeur de PME spécialisée dans les études sur l'environnement apprécie que les docteurs sont souvent mieux capables que les autres de gérer des projets, et en général savent l'anglais. Sur près de 200 personnes il emploie 13 à 14 % de docteurs, dont 1/3 en recherche, les autres en 'technique'. Il souligne la difficulté qu'il rencontre à trouver des responsables de postes à l'étranger, et une certaine carence dans son domaine des ingénieurs sortant des écoles, tant en nombre qu'en qualité.

Le délégué emploi à la Société Française de Chimie constate que le docteur est toujours perçu comme un scientifique immédiatement opérationnel dans son métier de chercheur, mais le nombre de docteurs formés est supérieur aux besoins de la recherche industrielle, d'où la nécessité pour eux d'envisager d'autres métiers, et d'où aussi les propositions patronales pour "une première expérience professionnelle en entreprise".

Un représentant de l'ANDès fait remarquer que les doctorants ne sont pas conscients de la valeur de leur formation pour les emplois industriels. Les doctoriales devraient leur apprendre à se valoriser. Le nombre de docteurs formés maintenant devrait donner naissance à une corporation de docteurs-entrepreneurs.

Un autre fait part de son expérience de responsable d'une formation de diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS). Les anciens des DESS n'ont pas trop de difficultés d'insertion en entreprise, et ont souvent des niveaux de salaires et de responsabilités enviés par les nouveaux docteurs en sciences. Un des éléments qui font la valeur de ces études est le stage en entreprise qui dure de 4 à 6 mois. Une formule analogue pourrait être conçue dans les formations doctorales, éventuellement en association avec les DESS.

Discussion des présentations de l'après-midi

Les remarques suivantes ont été faites : La recherche fondamentale en entreprise, déjà abandonnée aux Etats-Unis est, en France essentiellement financée par l'état. Les docteurs doivent trouver leurs places plus facilement dans les créneaux laissés libres par les ingénieurs. Les résultats obtenus dans le domaine des études de matériaux sont cités en exemple. On insiste sur le fait que les recrutements se font sur des critères de qualités individuelles, la capacité à exercer des activités différentes de la recherche, sans qu'elles correspondent, pour autant à une sous-qualification. Le déficit de créateurs d'entreprises est déploré.

Il est aussi rappelé que la crise des débouchés du doctorat est internationale et que les doctorants ne sont pas bien préparés aux entretiens d'embauche. Il faudrait que très tôt les doctorants aient un projet personnel. Les vices des recrutements endogènes sont dénoncés par un représentant du ministère, ainsi que le manque d'ouverture souvent constaté vers l'extérieur de doctorants accaparés par des sujets trop 'pointus'. Il faut aussi promouvoir l'imagination dans la formation des docteurs, les ingénieurs étant plus orientés vers la résolution de problèmes (sous-entendu en utilisant les outils éprouvés).

Conclusion

Le directeur général de la recherche et de la technologie au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche conclut. Les jeunes doivent être porteurs d'un projet, mais les enseignants doivent être les vecteurs du transfert vers l'industrie. L'insertion des docteurs dans les entreprises est essentielle. Il y a actuellement, toutes disciplines confondues 70 000 doctorants, et 10 000 soutenances, (en sciences) par an. C'est le même taux, par rapport à la population qu'aux Etats- Unis. Le directeur indique que 400 millions de francs s'investissent par an dans l'innovation en France, mais que c'est 15 fois plus aux Etats-Unis. Il souhaite une loi sur l'essaimage qui autoriserait les chercheurs des établissements publics à contribuer à la création d'entreprises, à être détachés pendant 5 ans pour démarrer une entreprise et avoir la possibilité soit de retrouver leur poste, soit d'être mis en disponibilité.

Pour l'ANDès, Etienne Roth

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Ce document (/interventions/1997-andes/roth.html) a été mis à jour le 11 juin 2007

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