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Intervention de J. Marchand (CEC) à la journée ANDèS


Pour un changement des mentalités

L'augmentation du nombre de docteurs recrutés dans le secteur concurrentiel est nécessaire, vu la récente augmentation du nombre de ces docteurs, et la stagnation de leurs débouchés traditionnels. Mais elle ne se fera pas sans effort, du fait des habitudes à la fois des universitaires et des entreprises friandes des personnes formées par les grandes écoles d'ingénieurs. Aussi une amélioration de l'insertion des docteurs dans le monde de l'entreprise ne sera possible que lorsque chacun des partenaires concernés aura d'abord pris conscience, puis réellement fait des efforts en ce sens.

Tout d'abord, les doctorants eux-mêmes doivent désormais intégrer dès le début de leur cursus que seuls environ 1/3 d'entre eux accèderont à une carrière académique, et qu'ils doivent se préparer aux autres carrières possibles. Alors les Ecoles Doctorales, les formations complémentaires (à la fois scientifiques et méthodologiques), les visites d'entreprises, les initiatives comme les Doctoriales, pourront contribuer à donner au jeune une plus large compétence en tant que cadre scientifique, et aussi une meilleure appréhension des réalités de l'entreprise.

Au delà d'une démarche individuelle plus ouverte sur le monde, le doctorant peut trouver profit dans une participation à une association de doctorants. Il pourra dans ce cadre participer à des initiatives communes thésards -industries (comme Recrue des Sciences à Rennes), mais aussi nouer des contacts avec des anciens. Le doctorant doit apprendre à ne plus se considérer comme cas unique et solitaire, mais membre d'un corps social, et donc y tisser des liens qui l'aideront dans son évolution professionnelle.

Les encadrants eux aussi doivent désormais comprendre que leurs efforts de formation à et par la recherche vont contribuer à irriguer d'autres équipes et d'autres lieux que celui de leurs laboratoires académiques. Il serait donc judicieux qu'ils essaient d'une part de ne pas isoler leur doctorant dans son microcosme scientifique (comme c'est parfois le cas), mais d'autre part de le pousser à prendre du temps durant sa thèse pour d'autres activités, non directement connectées au sujet de recherche. Or la logique actuelle centrée sur la réussite aux concours académiques a la trop forte tendance à faire en sorte que les encadrants n'entrainent leurs "poulains" que dans cette seule optique.

Les pouvoirs publics pour leur part sont invités eux-aussi à améliorer l'image du docteur auprès des entreprises. Des actes concrets et tangibles pourraient être réalisés pour donner encore plus de poids à cette volonté : - parution au Journal Officiel des doctorats, au même titre que les titres d'ingénieurs ; - embauche de docteurs dans les grands corps de l'Etat et pourquoi pas, attribution au concours d'entrée à l'ENA de places pour les docteurs ; - prise en compte du niveau de qualification d'un docteur au sein de la fonction publique et de ses conventions collectives. Ceci relève peut-être du symbole, mais il est légitime de penser que si l'Etat ne montre pas qu'il sait reconnaître la plus-value d'un docteur en son sein, il aura du mal à en convaincre les industriels. Au delà de cette promotion interne du docteur par l'Etat, il serait envisageable de réaliser des opérations de promotion de la formation au sein des multiples rencontres avec le patronat. De même, on pourrait mettre à l'étude une réflexion sur un meilleur usage du crédit impôt-recherche pour qu'il soit plus directement lié à l'embauche d'un docteur. Pourquoi ne pas imaginer par exemple de réduire le crédit impôt-recherche d'une société suite à l'embauche de personnes formées par la recherche ?

Réussir à traduire l'idée très largement admise que notre pays a besoin et trouvera utilité à avoir plus de gens formés à et par la recherche, dans un monde de plus en plus technologique, en pleine mutation, ne se fera pas sans efforts. Le dispositif actuel de formation à et par la recherche traduit depuis quelques années la nette volonté d'augmenter ses flux. Il y a désormais, et cela devient urgent, un changement des mentalités à effectuer auprès des partenaires impliqués dans cette formation. Ce ne sera qu'à ce prix que nos entreprises, comme leurs concurrentes internationales, pourront comprendre l'intérêt à embaucher des docteurs.

Joël Marchand

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Ce document (/interventions/1997-andes/marchand.html) a été mis à jour le 11 juin 2007

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