Réunion au MENESR : organisée par la DGRT et la MST du 13 mai
1997
Présents du ministère:
- Bernard Bigot (Directeur DGRT)
A sa droite, dans l'ordre :
- Catherine Bec (Responsable du programme CIFRE à l'ANRT)
- Didier Coulomb (DGRT/DITAR)
- Marc Joucla (ABG)
- Roger Monier (Académie)
- Gérard Tobelem (Directeur MST)
A sa gauche, dans l'ordre :
- Gérard Ghys (DGRT/finances)
- Bernard Dormy (collaborateur Tobelem)
- Françoise Chambon (secrétaire Tobelem)
- Marina Govoroff (DGRT/communication)
Extérieurs:
- ABG : Marc Joucla (dir ABG)
- Académie des Sciences: Roger Monier, président de la commission
sur l'avenir des docteurs universitaires
- Action-HotDocs : Pascal Degiovanni (coordinateur)
- Biodocs : Guillaume Queney (président) et Luc Selig
- CEC : Renaud Leplaideur (président)
- FAGE : Chistophe Sichoki
Les autres organisations étudiantes n'étaient pas
présentes quoiqu'invitées (A savoir uni, unef, unef-id)
Durée : 2h30
0. Introduction par Gérard Tobelem
Objectif de la réunion :
Le groupe de travail "Recherche" n'a pas abordé le problème de la
formation doctorale. Les ministres ayant pris conscience des problèmes
ont donc voulu cette réunion. Le but est d'approfondir le concept d'une
"Charte des thèses" et définir ce qui doit y figurer. Le mot
Charte sera utilise pour faciliter le dialogue.
Liste des points :
- Durée des thèses: élément important pour
l'insertion professionnelle
- Sujet de thèse et notamment sa faisabilité
- Encadrement : point essentiel
- Médiation et recours en cas de conflit
- Construction d'un projet professionnel au cours de la thèse
Le ministre souhaite faire une charte des thèses pour qu'elle commence
à entrer en application dès la rentrée 1997-98. En
réponse à une question de la FAGE, M. Tobelem a
précisé qu'elle ne serait sans doute pas discutée au
CNESER du 21 mai, la date étant trop proche.
Comme M. Tobelem l'a précisé dans le courant de la
réunion, le ministère a travaillé sur un projet de charte
et souhaitait que cette réunion permette de voir quels points devaient
figurer dans la charte finale.
1. Durée de la thèse
FAGE : (positionnement surtout sur les Sciences Humaines =SH)
- Ne pas favoriser les thèses trop longues
- Attention a ne pas transposer en DS 6 et 7 les méthodes des sciences
dites exactes
- Système actuel 3 ans + reconductions année par année
pénalisent les SHS
- Problème du financement
Questions à examiner : le suivi et l'examen en cours de thèse, le
caractère +/- défini du sujet.
La FAGE a souligné qu'il y avait une tendance dans l'inflation dans les
sujets, catalysée par les demandes des commissions de recrutement
académiques qui regardent avec condescendance des sujets pas assez
larges. Cela tire vers le haut la qualité et les durées.
Ils sont favorables à des thèses plus longues en SH mais plus
surveillées et plus accompagnées.
CEC :
- Nécessité de savoir arrêter les thèses, en
particulier à cause de l'insertion extra-académique.
AHD :
- Il faut rappeler que les thèses en formation continue peuvent se faire en 5 ans.
Biodocs :
- L'allongement de la durée des thèses est lié à un
besoin conjoncturel des laboratoires d'avoir beaucoup de main d'oeuvre (pour la
bio). Mais cet allongement n'a pas vraiment de raison scientifique !
- On doit freiner cela en le corrélant à la définition
d'un projet professionnel
- Problème de définition de ce qu'est la fin de la thèse:
comment terminer la thèse. Difficulté de concilier les exigences
du directeur de thèse et d'un jury (effet d'inflation)
Conclusion : (faite par Tobelem)
- Demande de signaux pour que la notion de durée soit prise en compte
sur le terrain
- Un message fort doit être envoyé sur ce point, en tenant compte
des diversités des disciplines
2. Sujet et Faisabilité
FAGE :
- En DS 6 et 7, les signaux et recommandations sur le format des sujets ne
seront admis et suivis que s'ils viennent des plus hautes autorités
scientifiques
- Demande d'un retour sur le sujet par le directeur de thèse: la FAGE a
rappelé que nombre de sujets se définissaient pendant le DEA
voire la maîtrise mais sans vraiment de retour ce qui risquait d'aboutir
à des sujets impossibles à maîtriser
==> Besoin d'avis plus poussés
CEC :
- L'inflation dans la définition des sujets peut venir de la concurrence qui croît
- Problème de la souplesse dans le cours de la thèse : des
réorientations sont (et doivent être) possibles
AHD :
- Idée d'un projet posé à t=0 dans le CdT, et de faire un
point au bout d'un an donnerait le retour sur le sujet demandé par les
doctorants (cf. rems de la FAGE).
- Spécificités disciplinaires :
- En sciences exactes, le bilan à un an permet de faire état de
l'amorçage ou non du sujet (qui est mieux posé au départ
que en SHS en général)
- En SHS, c'est un bon moment pour faire le point sur le sujet et sa
délimitation
BioDocs :
- Besoin d'un comité de thèse pour évaluer la
faisabilité de la thèse et exclure les sujets admis comme
étant à hauts risques
Conclusion :
- Idée des jalons appréciée
- Directeur de thèse unique OK
- Nécessité d'une norme sur l'encadrement (doctorant/encadrant)
et sur la durée
3. Encadrement
Tobelem a précisé ce qu'il entendait par ce sujet :
- Place du doctorant dans le laboratoire
- Devoirs et droits du doctorant, relation avec le directeur de thèse
- Définition des contacts, relation sous forme d'entretiens plus
réguliers
Rôle des partenaires : directeur de thèse, directeur de
laboratoire, responsable de. Formation Doctorale
Objectif: il s'agit de repérer les ennuis à temps, et d'aider
à la construction d'un projet professionnel, et aussi évaluer le
travail du doctorant pour l'aider à avancer.
FAGE :
- Problème de la réalité de l'encadrement : ratio
doctorants/encadrant
- Problème des lieux de travail
==> Freiner les encadrements excessifs, mais en modulant par discipline
CEC :
- Charte d'Orsay : DdT = directeur UNIQUE: pas de directeur
administratif/scientifiques distincts
- Nécessité de poser des jalons dans le déroulement de la
thèse :
- Premier jalon: entre 6 mois et un an pour faire le point sur l'amorçage de la thèse
- Ensuite au bout de deux ans: préparation de la rédaction et
définition de la fin de thèse
Dans la seconde année: pourquoi ne pas organiser dans les ED des
colloques des doctorants où chacun devrait présenter son travail
devant les autres doctorants de l'ED ? Cela permettrait au doctorant de
s'exprimer en public et de confronter son expérience à celle des
autres. Les ED semblent le bon outil pour améliorer l'encadrement des
doctorants et leur insertion dans les laboratoires.
AHD :
- Jalons réguliers : tout à fait OK. D'autres chartes/contrats le mentionnent aussi.
- Colloques des doctorants dans les ED : excellente idée.
- Bilan 1 : devant directeur de thèse et de l'ED + quelques chercheurs
du laboratoire choisis pour leur compétences. Il est important d'avoir
une audience plus large que le seul DdT pour vraiment expliciter l'état
d'avancement
- Bilan 2 : faire le point des résultats et avancées devant le
même comité. Préparer la fin de la thèse et le
projet professionnel post-thèse.
A côté de cela, on doit encourager les contacts réguliers
mais en sachant que c'est difficilement normalisable (la fréquence peut
varier au cours de la thèse du fait des spécificités du
travail scientifique). Mais c'est important de souligner l'importance des RDV
au "quotidien" à côté des jalons plus
institutionnalisés ci-dessus.
BioDocs :
- Rôle des ED: BioDocs rappelle que certaines ED en bio organisent
déjà des colloques permettant aux doctorants de présenter
leurs travaux. Cela doit se généraliser.
- OK avec AHD + CEC au sujet des jalons
A partir de là, et pendant la discussion, le problème de la prise en
compte des formations doctorales dans l'évaluation des chercheurs et des
établissements a été soulevé. Comme c'est un point
très important, il fait l'objet d'une section à part
entière, mais le thème a été discuté
plusieurs fois au cours de la réunion.
4. Médiation et recours
FAGE :
- Un médiateur doit plutôt être un extérieur et avoir
une carrure scientifique sous peine de ne pas être écouté,
voire d'être rejeté.
- Pourquoi pas une médiation administratives (pour les problèmes
matériels) dans l'ED ou dans l'établissement et une
médiation extérieure pour les conflits d'ordre personnel ou
scientifique ?
CEC :
- En théorie, les CS des établissements sont des instances de
médiation
Là, Bernard Bigot (DGRT) est intervenu pour préciser que selon
les textes, ce sont les chefs établissements qui sont les
médiateurs locaux les plus appropriés. Il fallait préciser
les choses car actuellement peu de gens étaient informés et il
arrivait souvent que le ministre lui-même soit saisi (ce qui n'est pas
son job).
Biodocs :
- Nécessité d'un médiateur en cas de conflit dir de
thèse/doctorant. A qui échoue ce rôle? => au responsable
d'une ED, mais de nombreux DEA en bio ne dépendent d'aucune ED. Au
responsable de DEA? Impossible car trop proche du dir de thèse en
général.
AHD :
- Rappel historique du concept de médiateur, défini dans le
rapport HD comme une remise au goût du jour du parrain des
attachés de recherche CNRS dans l'ancien temps", puis émergence
d'un parrain CNU pour avoir quelqu'un qui se fasse une idée du paysage
à l'échelle nationale. Problème cependant, ce n'est pas un
dispositif hyper-simple.
A titre _personnel_, Pascal Degiovanni a reconnu n'y jamais avoir vu
très clair et ne pas avoir de solution miracle a cette question de
médiation mais il a présenté un "cahier des charges", qui
montre d'ailleurs les difficultés de cette question :
- Le médiateur doit être une personnalité scientifique de
poids pour avoir la légitimité de sa fonction et pour avoir les
compétences scientifiques nécessaires soit pour
référer lui même soit pour trouver le meilleur referee
possible...
- Il doit être extérieur mais pas infiniment loin pour pouvoir
sentir avec précision la situation, sans être dépendant du
contexte local...
- Il doit être fortement conscient de son rôle pour le remplir le
mieux possible
G. Tobelem :
- Le projet actuel prévoit une médiation à étages :
par le Chef d'Etablissement dans un premier temps, et si cela ne suffit pas, le
CS nomme une personnalité extérieure.
5. La qualité des thèses
Ici, il s'agit de voir comment juger de la qualité du travail de
thèse et plus généralement de la formation doctorale en
dépassant le simple critère comptable du nombre de
publications.
FAGE :
- Publis : pas un bon critere dans certaines disciplines de DS 6 et 7
- Il faut multiplier les occasions d'expression du doctorants pour qu'il ait
des retours
CEC :
- Problème des thèses arrêtées : comment
évaluer ce qui a été fait ?
==> livret de thèse ...
Intervention d'une personne du ministère pour souligner que le livret ne
devait pas avoir vocation à remplacer le diplôme qui
n'était obtenu qu'après soutenance.
Biodocs :
- Le livret de thèse permettrait une meilleure lisibilité de la
formation doctorale dans l'entreprise
Intervention de l'ABG pour dire qu'elle ne voyait pas la différence avec
le CV et que le livret de thèse était trop long...
AHD [intervention en réponse à ce point] :
Deux objectifs au livret qui vient en complément du diplôme :
- un objectif extra-académique mais en étant clair que ca ne
remplace pas le CV qui est LE filtre canonique pour décrocher un
entretien...
- un objectif intra-académique double :
Ces dernières peuvent être de diverses natures en fonction du
projet du doctorant :
- spécialisées : cours de spécialités,
écoles d'été, etc.
- pédagogiques : cf. les CIES
- à vocation extra-académique : les Doctoriales, un passage en
entreprise, des cycles de conférences sur les réalités de
l'entreprise
Bernard Bigot a souligné que cela revenait à une conception du
doctorat analogue au PhD américain. L'idée a été
bien comprise par M. Tobelem mais n'a pas semblé convaincre. Il n'est
pas clair qu'elle se retrouvera dans la charte.
6. Construction du projet professionnel
Tobelem lance l'idée de stage en entreprises obligatoire au cours de la
thèse. Il nous demande ce qu'on en pense.
CEC :
- ATTENTION dans certaines disciplines très théoriques cela ne
passera pas du tout.
AHD :
- Difficultés pratiques dans le cas où la thèse se passe sur
un grand instrument; il peut y avoir des problèmes de calendrier (on
n'arrêtera pas le LEP pour des questions de stage en entreprise...)
Tobelem module : incitation à faire des stages :
Commun accord de tout le monde si ce n'est pas obligatoire.
7. L'évaluation de la formation doctorale
G. Tobelem a précisé que de plus en plus la qualité des
formations doctorales allait être prise en compte par les biais suivants
:
- Primes d'encadrement doctorales : ne seront pas attribuées
automatiquement mais après examen d'un dossier. Si il y a un ratio
doctorant/encadrant trop fort (10 par exemple était cité comme
largement excessif), la prime n'est pas donnée
- Rétroaction sur les contrats quadriennaux d'établissements sur les budgets alloués par le MENESR
Sont pris en compte les éléments suivants:
- ratio doctorants/encadrant
- ratio thèses commencées/thèses soutenues
- devenir professionnel des docteurs
Ces éléments ont été appréciés et il
a été souligné que c'était la volonté forte
de la DGRT et de la MST d'aller dans cette direction. Nous avons
approuvé la démarche en en rappelant l'importance (dimension
d'évaluation du contrat de thèse).
A signaler qu'à la fin quand nous avons abordé le problème
de la signature de la Charte, Tobelem a tout de suite embrayé sur les
contrats quadriennaux..... Donc pas de contrat, mais une véritable
épée de Damocles au-dessus de la tête des
laboratoires/universités. Nous avons néanmoins insisté sur
l'importance symbolique de la signature, même dans le cadre d'une
charte.
8. Autres points
Nous avons souligné l'importance du problème du statut social. G.
Tobelem a dit que ce point était en effet pris en compte mais qu'il
serait abordé plus tard, dans d'autres réunions. Nous avons
souligné l'importance d'une réunion spécifiquement sur ce
sujet.
La MST et la DGRT ont souligné leur volonté d'aller de l'avant
sur la question de la charte indépendamment des échéances
politiques. C'est un dossier qui sera suivi au delà des
élections. Tobelem a insisté pour dire qu'il y avait une
réelle prise de conscience au sein des Directions
Générales, et une continuité dans leur politique.
A été abordée la question de la représentation des
étudiants-chercheurs dans un collège spécifique.
Visiblement, le point n'est pas encore mûr. Le représentant de la
FAGE a craint un découpage du collège étudiant par cycles
(et donc une balkanisation de ce collège). G. Tobelem a demandé
pourquoi ne pas conserver le collège étudiant (mais quid alors
des allocataires qui sont comptes dans le collège B...). Bref beaucoup
de confusion.
Une discussion post-réunion avec le représentant de la FAGE a
montré le malentendu: il n'avait pas perçu que nous demandions un
nouveau collège entre étudiants et permanents (qui ne diminue
aucune des deux représentations) dans lequel on trouve toutes les
personnes non permanentes faisant une activité de recherche (doctorants,
ATER, postdocs) : cette idée lui a semblé beaucoup plus
acceptable bien qu'il ne semble pas facile de définir le collège
en question.
Le 29 mai 1997