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Document tiré de : cjc.jeunes-chercheurs.org/interventions/1997-02-aubert.html
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Intervention de la CEC sur France Culture, février 1997


Compte Rendu de l'opération NUAGE DE LAIT :

Le 20 février 1997, entre 7h00 et 8h15, François d'Aubert, Secrétaire d'État à la Recherche (accessoirement au régime, pas la recherche, le ministre, enfin si, les deux), était l'invité de "CULTURE MATIN", émission sur France Culture présentée par Jean Lebrun.

L'émission se déroulait en direct au café de Cluny (Paris, 5ème). Une bonne vingtaine de doctorants de la CEC s'étaient levés à l'aube pour être présents (BioDocs, Addoc, Adicj, ATENST, Evry, GTEM).

Le praez avait préparé un texte assez court de questions que nous voulions poser à F. d'Auber, ce qu'il a fait de vive voix à la fin de l'émission pendant une vingtaine de minutes.

PLAN DU CR :

I. Bilan
II. Déroulement de l'opération
III. Texte des questions posées à F. d'Aubert
IV. Discussion avec F. d'Aubert

I. Bilan :

Pour une action improvisée et préparée en 24 heures, le bilan est plutôt positif !

- avoir (re)noué le contact avec le Secrétariat d'État à la Recherche par une prise de RDV prochaine avec F. d'Aubert en délégation (proposé par lui-même. Et voir les récents messages du praez). Il s'est même engagé à se faire l'avocat de la CEC pour qu'elle soit maintenant invitée à participer aux diverses réunions sur les réformes et l'avenir de l'université.
- le nom de la CEC et une partie de nos préoccupations citées à l'antenne.
- avoir marqué notre présence.
- avoir posé les questions du texte ci-dessous à F. d'Aubert.

Après coup, on s'est rendu compte que le top aurait été de contacter les journalistes avant pour avoir un "son" (bande enregistrée qui sert de support à la question du journaliste). Cependant, environ 5 minutes d'antenne centrées sur nos demandes ce n'est pas si mal, et le contact avec F. d'Aubert a été (re)pris. Le journaliste nous a refilé le nom de quelqu'un de France Culture qui pourrait s'intéresser à nos problèmes (voir Julien). Et le praez s'est fait interviewer par un journaliste et photographier plein de fois avec le Secrétaire d'État, si, si.

II. Déroulement de l'opération :

De 7h00 à 7h30, les journalistes ont axé leurs questions sur la recherche et plus précisément sur le CNRS.

En vrac:

- le problème des plus de 65 ans. F. d'Aubert a parlé (pour la première fois à notre connaissance) d'instaurer un "éméritat" au CNRS comme c'est le cas pour l'université. Il a rencontré Montagnier, un des principaux vieux contestataires pour défendre la position du décret de décembre. Il a rappelé les différences entre les instituts de recherche. Par exemple à l'INRA, il n'y avait pas possibilité de continuer au-delà de 65 ans, ou encore, le décret ne concerne pas les professeurs d'Université.

- problème de la perception des chercheurs par la société : permanence de la notion de "savant" que F. d'Aubert a mis en synonymie, le journaliste cherchant à lui faire dire que le concept de chercheur évoluait beaucoup car il était dirigé de plus en plus vers la recherche appliquée (=chercheur) (exemple: la recherche médicale et les médicaments qui sont une attente des citoyens) et moins vers la fondamentale (=savant).

- de là, la discussion a dérivé sur la valorisation des connaissances, qui ne devrait pas seulement se faire en termes académiques (publications), mais aussi en termes d'innovation industrielle. F. d'Aubert a annoncé que des réflexions étaient engagées pour qu'un chercheur puisse créer son entreprise tout en continuant dans son organisme d'origine (avec un projet de loi à la clef), le journaliste lui rappelant que les chercheurs ne pouvaient pas légalement le faire à l'heure actuelle.

- F. d'Aubert a souhaité que si des échanges existent CNRS -> Université, il en existe aussi dans l'autre sens. Mais ensuite, il n'a parlé que du sens CNRS --> Université, précisant qu'il y avait grosso-modo 50 transferts (dans ce sens) en moyenne et qu'il voulait doubler voire tripler ce nombre.

- une discussion assez longue sur le comité national du CNRS, un DR de Clermont-Ferrand interviewé par téléphone ayant regretté la perte d'indépendance de ce comité vis-à-vis du ministère de tutelle pour la mise en place et le suivi des grands programmes. F. d'Aubert a dit qu'il souhaitait concertation et liberté des chercheurs. Bon, ca coûte rien de le dire.

A 7h30, pendant le flash d'information, nous avons pu transmettre notre papier au journaliste et à F. d'Aubert. Après nous avoir dit que c'était trop tard et qu'il comptait maintenant parler de politique intérieure, le journaliste nous a dit qu'il en parlerait quand même cinq minutes. Pendant ce temps, deux personnes du staff de F. d'Aubert nous précisaient que nous pourrions lui parler après l'émission.

Après le flash d'information, le journaliste a attaqué très fort sur le problème des recrutements de PRAG à la fac. F. d'Aubert n'avait pas l'air ravi-ravi. Il a répondu que l'année dernière avait connu le plus fort recrutement d'enseignants-chercheurs (après avoir eu un léger début de lapsus " ... recrutement de prof ... d'enseignants-chercheurs ...") de ces dernières années. Nous avons manifesté notre scepticisme bruyamment, et il a insisté "si, si, c'est vrai". Ensuite il a dit texto "c'est vrai qu'il existe une organisation syndicale, qui s'appelle la Confédération des Étudiants-Chercheurs qui demande un statut d'étudiant-chercheur [...]". Il avait notre papier sous les yeux, cela lui a sans doute permis de se rappeler notre nom, mais c'est quand même pas mal.

Après, comme prévu, le journaliste a parlé de politique intérieure pendant le reste de l'émission.

III. Texte des questions posées à F. d'Aubert

La Confédération des Étudiants-Chercheurs, créée en mars 1996, s'inquiète du déficit important de débouchés qui sont proposés aux jeunes docteurs à l'issue de leur formation par la recherche :
10% des jeunes diplômes de 94 au chômage
25% sur des postes précaires
Les simulations faites par le mouvement Hot-Docs prévoient des chiffres de l'ordre de 30% de jeunes docteurs au chômage et 20% sur des postes précaires pour les années à venir.

La CEC soucieuse de la valorisation du doctorat et de la formation par la recherche souhaite donc préciser ses positions et attend de la part du gouvernement des réponses claires aux questions suivantes :

1/ La loi de solidarité entre génération interdisant les personnels âgés de plus de 65 ans de rester en poste, n'a à notre avis de sens que si chaque poste ainsi libéré est pourvu par au moins un jeune chercheur. Monsieur le Secrétaire d'État à la Recherche s'engage-t-il effectivement à remettre au concours chaque poste libéré ?

2/ Les thésards, ATER, post-doc représentent la moitié des chercheurs. Certains d'entre eux ne sont pas rémunérés et n'ont pas le droit au chômage. Ne craignez-vous pas de laisser se développer une précarisation de la Recherche Publique ? Ne faut-il pas créer un statut de l'Étudiant-Chercheur ?

3/ Le recrutement de PRAG ne condamne-t-il pas l'enseignement supérieur à se dissocier de la recherche ? Est il normal d'engager des PRAGs alors qu'il y a de nombreux docteurs au chômage justement formés pour être MdC ?

4/ Comment se fait-il que la réforme de l'université occulte complètement les problèmes des Étudiants-Chercheurs ?

IV. Discussion avec F. d'Aubert :

A la fin, à notre demande auprès du staff de F. d'Aubert, il est venu nous voir. Il a commencé en demandant si nous étions "des étudiants en DEA" ...

Renaud s'est présenté ("c'est moi dark-praez" a-t-il dit très sobrement dans le souffle rauque que nous lui connaissons), et lui a reposé une à une toutes les questions de notre papier (cf. plus haut).

R1/: INFORMATION CAPITALE : F. d'Aubert nous a bien fait savoir que les sous dégagés par l'opération "les vieux dans les hospices" (c'est-à-dire retraite, éventuellement avec éméritat, pour les DR de plus de 65 ans au CNRS) NE SERVIRAIENT PAS à des recrutements supplémentaires de jeunes, mais au fonctionnement des laboratoires, car il a confirmé que le budget pour payer ces chercheurs "surnuméraires" était fourni par les laboratoires et non par le budget salaire "normal". Ce qu'il appelle la solidarité entre générations, c'est entre les DR et les CR1 et 2 (qui pourront ainsi avoir de l'avancement plus vite !). Il rappelle aussi que le taux de renouvellement du CNRS, 2,5% au maximum par an, est de toute façon déjà fixé (voir le compte rendu de la réunion DSPT5 d'octobre 1996). Dark-P. lui a dit que le CNRS perdait cette année 23 postes de chercheurs. F. d'Aubert s'est tourné vers son staff (qui a suivi très attentivement toute la discussion) pour chercher confirmation que c'était 23 ITA. Bref, pas d'accord sur les chiffres une deuxième fois.

R2/: Vont être créés des post-doc cofinancés par l'état, la région et les entreprises, ce qu'il avait dit pendant l'émission. Notre remarque que ça impliquait une contractualisation de fait de l'activité de chercheur et une précarisation de l'emploi ne l'a pas ému, estimant que si les entreprises étaient satisfaites, elles pourraient embaucher (faut y croire ...).

R3/:
FdA: Les PRAGs font de la recherche.
Dark-P.: Pas tous, seulement 20%.
FdA: Mais vous savez très bien que tous les MdC ne font pas de la recherche. Dégagement rapide en touche, même s'il a affirmé qu'il ne fallait pas dissocier la recherche de l'enseignement supérieur. Les objectifs sont certes les mêmes, mais pas les moyens pour y arriver !

R4/:
FdA: Mais y a les syndicats étudiants.
Dark-P.: Ils ne représentent pas les 3eme cycles.
FdA: On se fera votre avocat (cf. bilan).

Marie-Pierre Quere, Dark-Praez (dit Renaud Leplaideur), Nicolas Bailly.

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Ce document (/interventions/1997-02-aubert.html) a été mis à jour le 10 juin 2007

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