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Lettre adressée au Premier Ministre, M Lionel Jospin
En copie aux :
Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, M Laurent Fabius,
Ministre de l'Education nationale, M Jack Lang,
Ministre de la Recherche, M Roger-Gérard Schwartzenberg,
Directeur de la direction de la Recherche, M Vincent Courtillot,
Directrice de l'Enseignement Supérieur au Ministère de
l'Éducation nationale, Mme Demichel,
Directeur du cabinet du Ministère de l'Éducation nationale,
M Forestier,
Secrétaire d'État chargée du Budget, Mme Florence
Parly.
Monsieur le Premier Ministre,
Le protocole d'accord global de 1989, élaboré par votre ministère d'alors, proposait, outre l'augmentation du nombre d'Allocations de Recherche (AR) de 1800/an à 3800/an, une amélioration sensible du niveau de financement des jeunes chercheurs en formation pouvant bénéficier de cette AR. En 1991, le montant de cette AR a été fixé par décret à 7400 francs bruts mensuels, incluant les cotisations à la retraite et au chômage.
Prés de dix ans plus tard, ce montant est toujours le même, alors que sur la même période le salaire minimum (SMIC) est passé de environ 5500 francs à 7100 francs bruts mensuels.
Cet état de fait est extrêmement préjudiciable à la formation doctorale pour plusieurs raisons :
Il fragilise la situation du jeune docteur qui n'est plus à même de valoriser ses compétences dans les secteurs socio-économiques de pointes. En effet, comment justifier un salaire de 90kF/an quand ce dernier aspire a être recruté sur des profils de postes dont le salaire brut typique est de l'ordre de ou supérieur à 200kF/an ?
Il engendre une perte d'attractivé importante pour les études doctorales financées par des AR, de sorte que l'on constate une diminution des inscriptions en DEA et en thèse, tant au niveau quantitatif qu'au niveau qualitatif. A terme, la fuite des étudiants vers des formations qui garantissent des niveaux de vie plus attractifs aura des conséquences catastrophiques pour le renouvellement des personnels des organismes de recherche et des universités.
Il y a une contradiction flagrante entre le souhait de l'Etat de faire de la formation doctorale le vivier des futures élites de la nation aussi bien pour les entreprises que pour le secteur de recherche public, et la dévaluation de fait de cette formation par suite de cette lente dérive du montant de base de l'allocation délivrée par celui-ci. Dans un contexte de reprise économique, et alors même que le message sur la modernisation des formations doctorales commence à porter ses fruits, cette contradiction pourrait à terme anéantir nombre d'efforts faits depuis plusieurs années en privant les formations doctorales des meilleurs éléments.
Enfin, il nous semble légitime que l'Etat reconnaisse à sa juste valeur le travail des principaux acteurs de l'innovation scientifique et technologique en France que sont les doctorants (producteurs de 48% de la recherche française selon le dernier rapport de l'Observatoire des Sciences et Techniques).
Afin de remédier à cette situation, nous demandons une revalorisation immédiate de l'AR au niveau qui était le sien en 1991 par rapport au SMIC (soit environ 9400 francs brut mensuels). Nous demandons également que l'AR entre dans le système d'indexation des salaires sur le point d'indice de la fonction publique.
Ces demandes entrent dans le cadre de nos revendications pour l'amélioration qualitative de la formation doctorale, l'établissement d'un véritable statut du doctorant et la reconnaissance de l'expérience du doctorat dans le paysage socio-économique français.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, nos salutations distinguées.
Pour la Confédération des Étudiants-Chercheurs,
le vice-président,
Guillaume Bonello.
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Ce document (/archives/divers/allocation/lettre-ministre.html
) a été mis à jour le 10 juin 2007