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Lettre au Président de la République


Paris, le 25 juin 2001

Confédération des Étudiants-Chercheurs
Claire Poinsot, présidente de la CEC C/o Michael Gutnic
21, boulevard d'Anvers, 67000 Strasbourg
Email : poinsot@mnhn.fr / Tel : 01 40 79 32 66
Web : http://garp.univ-bpclermont.fr/cec/

Monsieur le Président de la République Jacques Chirac
Palais de l'Elysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75 008 Paris

Objet : Revalorisation de l'Allocation de Recherche

Monsieur le Président,

Dans un courrier daté du 7 octobre 2000, la Confédération des Étudiants-Chercheurs (CEC) a porté à l'attention du gouvernement la situation délicate des jeunes chercheurs en formation bénéficiant d'une Allocation de Recherche (AR). L'AR correspond à un Contrat à Durée Déterminée signé pour une période de 3 ans entre le Ministère de la Recherche et un jeune chercheur en début de formation doctorale, c'est-à-dire possédant déjà un Diplôme d'Études Approfondies (DEA, bac+5) ou équivalent. En 1991, sous l'impulsion du ministère de l'Éducation Nationale, alors dirigé par Monsieur Lionel Jospin, le nombre d'AR a fortement progressé, passant de 1 800 par an à 3 800 par an, et son montant a été augmenté et fixé par décret à 7 400 francs bruts mensuels. Ainsi, aujourd'hui on compte environ 11 500 allocataires de recherche, pour un total de 60 000 étudiants-chercheurs en France.

Sur la décennie écoulée, le montant de l'AR est resté inchangé et il frôle désormais le montant du salaire minimum (SMIC) qui s'élève à 7 100 francs bruts mensuels (7 388,68 francs bruts au 1er juillet 2001). Les préjudices évidents que fait peser cette situation sur la qualité de la formation doctorale, l'attractivité vers les métiers de la recherche scientifique et le potentiel d'innovation de la nation ont incité la CEC à demander au gouvernement d'y remédier en revalorisant le montant de l'AR au niveau qui était le sien en 1991 par rapport au SMIC (soit environ 9 400 francs bruts mensuels). La dévaluation de l'AR est un phénomène chronique, puisqu'aucun mécanisme de revalorisation annuelle de son montant n'a été prévu dans le décret de 1991. En dix ans, les jeunes chercheurs bénéficiant de l'AR ont vu leur pouvoir d'achat diminuer de plus de 17%.

Face à l'absence de toute initiative gouvernementale, la CEC a lancé une pétition visant à appuyer cette légitime revendication de revalorisation de l'AR et à informer l'opinion publique de la dégradation de la situation des allocataires de recherche et, plus globalement, des jeunes chercheurs en formation. À l'heure actuelle, plus de 13 000 personnes ont signé la pétition pour la revalorisation de l'AR et son indexation, et l'initiative de la CEC a reçu de nombreux soutiens de la part du personnel statutaire de recherche et des parlementaires, toutes tendances confondues. Fort de ces appuis, la Confédération des Étudiants-Chercheurs (CEC) a pu rencontrer à plusieurs reprises les différents responsables au cabinet du Ministère de la Recherche.

La proposition officielle du Ministère de la Recherche, assujettie à l'accord du Ministère de l'Economie et des Finances, se décline en deux mesures :

  • augmentation de l'enveloppe des allocations de recherche à la hauteur de 70 à 80 millions de francs, soit environ pour chaque allocataire 500 F bruts par mois (350 F net), amenant ainsi le montant net de l'allocation à 6 473 F (rappel montant de l'allocation en 1991 : 6 123 F).
  • augmentation du nombre de moniteurs à la rentrée 2001 : 700 monitorats supplémentaires, soit un total de 2 700 monitorats.

Ainsi, 2 700 personnes sur un total de 4 000 nouveaux allocataires auront la possibilité d'enseigner en septembre 2001, et ce travail supplémentaire leur permettra d'augmenter leur source de revenu. Cette proposition ne concerne donc pas les 5 000 doctorants uniquement allocataires depuis 1999 (1re inscription en thèse) et réduit les possibilités d'enseignement des doctorants non allocataires. Nous regrettons cette logique du Ministère qui préfère revaloriser l'effort de recherche des doctorants en leur allouant des enseignements, plutôt qu'en réevaluant de manière décente le montant de l'allocation, inchangé depuis dix ans.

De plus, le Ministère de la Recherche envisage pour la rentrée 2002 d'attribuer obligatoirement à ses allocataires un monitorat. Nous sommes conscients que le monitorat peut constituer une expérience intéressante du point de vue de l'enseignement, mais il représente une charge de travail supplémentaire non négligeable pour les allocataires de recherche, et surtout il ne répond pas à l'attente première des jeunes chercheurs en formation, à savoir une revalorisation de leur travail de recherche.

Les propositions actuelles du Ministère de la Recherche ne sont donc pas à même de pouvoir répondre efficacement au malaise grandissant des jeunes chercheurs en formation, qui représentent 48% du personnel de recherche des laboratoires français et qui sont responsables de près de la moitié des publications scientifiques françaises, véritable “ vitrine internationale ” de notre recherche. C'est pourquoi la CEC a appelé l'ensemble des personnels de recherche, en formation ou statutaires, à manifester du Ministère de la Recherche jusqu'à l'Hôtel Matignon le 28 juin 2001 afin d'exposer les inquiétudes des jeunes chercheurs.

Dans le souci d'empêcher pour l'avenir toute dégradation du potentiel de recherche en France, la CEC espère donc qu'une nouvelle impulsion politique forte sera donnée en direction des futurs chercheurs de la nation, en leur assurant un statut clair et un salaire décent, gages d'une véritable reconnaissance au sein de la société et de la communauté scientifique française.

Ne doutant pas de l'intérêt que vous portez à ces questions cruciales pour l'avenir scientifique de notre pays, la CEC sollicite une audience auprès de la Présidence de la République pour en discuter.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de nos sentiments respectueux.

Pour la Confédération des Étudiants-Chercheurs,
La Présidente, Claire Poinsot

PJ : Communiqué de presse et dossier de presse.

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Ce document (/archives/divers/allocation/lettre-chirac.html) a été mis à jour le 10 juin 2007

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