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La CEC est intervenue en seconde position, après la présentation d'Alexandre Pozzo de l'U.E et avant celle de Marc Joucla de l'ABG.
Notre exposé fut organisé de la manière suivante :
Guillaume Queney a présenté brièvement la CEC et ses activités.
L'aspect pluridisciplinaire de la CEC a soulevé chez les membres de la commission la réaction suivante : ils soulignent la nécessité de bien distinguer la problématique des sciences dites exactes et des sciences humaines.
Cette remarque est revenue de manière récurrente durant la réunion. Il semble très important lors des futures réunions de la commission de pouvoir distinguer entre sciences dites exactes et sciences de l'homme et de la société. Le présent compte-rendu prend déjà en compte cette remarque : nous avons précisé les données par direction scientifique, dans la mesure du possible.
Pour toutes les disciplines confondues, le nombre de thèses soutenues par an a augmenté de 72 % entre 1989 et 1994. Nous constatons qu'environ 50 % des docteurs en << sortie de thèse >> occupent des emplois précaires (Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche (ATER), séjour post-doctoral, sans emplois, service national). Le tableau suivant résume ces données pour 1995 :
DS | DS 1 | DS 2 | DS 3 | DS 4 | DS 5 | DS 8 |
Précaires | 45,05 % | 56,8 % | 51,3 % | 41,6 % | 52,48 % | 42,1 % |
La crise de l'emploi actuelle s'explique par cette augmentation du nombre de docteurs formés et par la diminution ou la stagnation (suivant les secteurs) du nombre d'emplois stables disponibles sur le marché du travail.
Les simulations du flux résiduel de docteurs (rapport HotDocs , 1995) montraient clairement que la situation deviendrait très inquiétante à partir de 1996 avec un surplus de 3000 docteurs formés par an. Les débouchés se ventilent en effet comme suit pour 1995 :
Recherche | 800 |
Ens. Sup. | 2200 |
Secondaire et administrations | 1000 |
Secteur privé | 1500 |
Retour au pays | 1500 |
Total | 6900 |
Soit environ 7000 emplois stables, contre un flux annuel de 10.000 thèses soutenues par an. Si le surplus de docteurs par rapport au nombre d'emplois offerts ne s'est pas retrouvé dans la catégorie des sans-emploi, c'est principalement par suite de l'existence du réservoir ATER (environ 1700 ou 1800 personnes), et surtout du réservoir << postdoc >> qui ont absorbé le trop-plein et donc masqué l'ampleur de la crise.
Les données de la DGRT sur le devenir des docteurs en << sortie de thèse >> et un an plus tard, ainsi que celles sur le devenir des docteurs partis en postdoc en sortie de thèse, et observés deux ans plus tard, permettent de minorer le nombre de docteurs actuellement en séjour post-doctoral :
Année | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 |
Stock | 2120 | 2100 | 3400 | 4000 |
Notons que près de 70 % du contingent post-doctoral provient des DS 2 (sciences de la matière) et 5 (sciences de la vie et de la santé) ! Les DS 6 et 7 ont une pratique post-doctorale marginale (environ 6 % du nombre total de postdocs issus de la promotion 1995).
Comme l'a fait remarquer E. Brézin qui a participé au comité Ulysse, le stock pour 1995 est probablement plus près de 5000. Les simulations effectuées dans le rapport HotDocs donnaient un stock en 1995 d'environ 5300. Les prévisions HotDocs pour 1998 sont de l'ordre de 6100 ! Nul ne sait ce que deviendront tous ces docteurs à moyen terme. Près d'un sur deux continue en séjour post-doctoral après deux ans de postdoc (voir les rapports 95 et 96 de la DGRT). L'autre moitié se ventile en gros par tiers entre organismes de recherche, enseignement supérieur et secteur privé. Nous avons noté peu de sans-emploi dans les retours de postdoc, ce qui suggère que les docteurs diffèrent leur retour tant que les perspectives d'emploi ne sont pas bonnes. Ceci fait craindre un effet << post-postdoc >> : de nombreuses personnes se fixeraient sur des postes à durée moyenne (type assistant professor) et ne reviendraient qu'après cinq à sept ans, pour postuler sur des postes de << rang A >> (Directeur de Recherches ou Professeur des universités). Actuellement, les rapports DGRT estiment à environ 10 % le taux de fuite - insertion dans un pays étranger - des postdocs.
Le transparent << clef >> de la présentation de Guillaume Queney fut probablement celui montrant que l'effectif des chercheurs et enseignants-chercheurs titulaires dans le monde académique français (organismes de recherche et enseignement supérieur) est en gros équivalent à la somme des effectifs des étudiants-chercheurs, ATER et postdocs.
Cette donnée a frappé les esprits. Un débat a eu lieu sur les données elles-mêmes, qui pourraient être affinées, mais comme l'a fait remarquer le président de la commission M. Monnier, le point important est que les doctorants représentent une fraction importante de la capacité de recherche publique nationale. Ce point a profondément orienté la suite des débats en montrant l'importance du problème des formations doctorales dans la problématique de la recherche française.
On peut raffiner les estimations en se limitant aux doctorants relevant des directions scientifiques (DS) 1 à 5 et 8. On connaît également les effectifs enseignants-chercheurs en sciences dites exactes, et dans les organismes de recherche (brochure Les métiers de la Recherche du MENESR 1996). Dans le cas du CNRS, nous avons retranché les effectifs du département << Sciences de l'Homme et de la Société >> (bilan social 1994).
DR | 5681 |
CR | 8914 |
Prof | 6908 |
MdC | 13259 |
Au total, cela donne environ 35.000 chercheurs et enseignants-chercheurs. Il conviendrait de rajouter les effectifs chercheurs des EPIC. Nous ne connaissons pas ces données de manière précise. Pour donner une estimation, nous utilisons l'effectif << cadre >> qui correspond à environ 12.000 personnes. En gros l'effectif chercheur en sciences dites exactes correspond à environ 40.000 à 48.000 personnes.
Le total du nombre de doctorants est, selon le rapport de la DGRT de décembre 1996, d'environ 31000. Le taux de soutenance dans les DS de sciences dites exactes est au delà de 80 %, sauf en DS 5 où il est estimé à 77 %.
On ne dispose pas d'estimation précise du nombre de postdocs actuellement dans les laboratoires français. On peut estimer à environ 1700 le nombre d'ATER (qui constitue une sorte de << post-doctorat universitaire >> français).
Nous n'avons pas inclus les ITA dans le décompte. Il s'agissait de comparer les effectifs de chercheurs. Élargir le décompte serait faisable, mais rapidement inextricable. En effet, il convient de préciser que le travail des ITA bénéficie à tous les personnels de recherche qu'ils soient permanents ou non permanents, et de plus, dans certaines disciplines, certains stages pré-doctoraux (DEA, stages de fin d'études dans certaines écoles d'ingénieurs), comportent une partie recherche. On pourrait aussi pondérer les effectifs chercheurs et universitaires en fonction de l'activité effective de recherche des personnels. En conclusion, pour simplifier et ne pas rentrer dans des comptes trop complexes, nous avons limité nos calculs aux effectifs chercheurs des organismes et aux enseignants-chercheurs.
Pascal Degiovanni a ensuite présenté le Contrat de Thèse (CdT). L'exposé s'est articulé autour d'une part, d'un exposé des principaux problèmes rencontrés par les doctorants durant leur formation doctorale, puis d'autre part, d'une présentation des apports potentiels du CdT sur ces différents points. L'exposé qui a été fait reprend une argumentation que l'on trouve dans le document Vers un contrat de thèse élaboré par le groupe Action-HD et la CEC, puis avalisé par celle-ci.
Outre la question des débouchés, amplement discutée dans l'intervention de Guillaume Queney, les points qui posent problème pendant la thèse sont principalement :
Des données sont disponibles sur les financements au niveau national grâce aux enquêtes de la DGRT. Le taux de financement est très variable suivant les disciplines. Il est bien plus élevé en sciences dites exactes qu'en sciences de l'homme et de la société. Les tableaux détaillés sont disponibles dans les rapports DGRT 1995 et 1996. Ils explicitent les taux de financement par GER pour les thèses soutenues et commencées en 1994 (rapport 1995) et 1995 (rapport 1996). Deux choses nous ont semblé remarquables :
Tout d'abord, la différence dans les taux de financements (en début de thèse) en sciences exactes et sciences humaines : autour de 10 % en DS 6, entre 13 et 31 % en DS 7 contre des taux de plus de 70 % dans les DS de sciences exactes. Les Sciences de la Vie méritent un commentaire spécial car le taux moyen y est de 61,8 % avec deux GER tirant vers le bas. Les mathématiques ont également un taux de 55,5 %.
Le second point frappant est la différence nette entre ces mêmes taux de financement au moment du début de la thèse et parmi les thèses soutenues. Le tableau suivant compare la situation initiale (thèses commencées en 1995) et finale (thèses finies en 1995) :
DS | DS 1 | DS 2 | DS 3 | DS 4 | DS 5 | DS 6 | DS 7 | DS 8 |
Initial 95 | 55,5 % | 75,8 % | 79,5 % | 75,4 % | 61,8 % | 11,1 % | 19,9 % | 72,8 % |
Final 95 | 73 % | 93,7 % | 91 % | 92,3 % | 87,5 % | 33,7 % | 47,1 % | 90,5 % |
Bien entendu, il ne s'agit pas de la même promotion de docteurs. Mais il faudrait s'interroger sur l'origine de cet effet. Notre expérience de terrain suggère que les doctorants non financés, et qui doivent donc assurer leur subsistance par une activité annexe, ont de plus grandes difficultés à mener à terme leur travail.
Le taux de soutenance est également très différent entre sciences exactes et sciences de l'homme et de la société. Il est estimé par la DGRT à 45 % en DS 6 et 7. En sciences dites exactes, les estimations DGRT sont :
DS 1 | DS 2 | DS 3 | DS 4 | DS 5 | DS 8 |
86 % | 90 % | 88 % | 82 % | 77 % | 87 % |
Ceci montre qu'une fraction des thèses n'aboutit pas. Notre expérience de terrain suggère qu'un certain nombre d'abandons ne sont pas imputables à un sujet << qui ne marche pas >> mais à des conditions d'encadrement un peu défaillantes. En cas de difficultés, il en faut hélas peu pour qu'un << silence embarrassé >> s'installe entre le doctorant et son directeur de thèse, ce qui souvent est fatal à l'avancement de la thèse.
Enfin, nous disposons de quelques sondages propres à des établissements. Un des plus complets a été fait par l'Association des Doctorants de l'INSA de Lyon. Cet établissement produit environ 100 docteurs par an, ce qui n'est pas négligeable. Sur 583 doctorants inscrits en thèse, 168 ont répondu.
Deux points méritent d'être mentionnés ici :
Un sondage analogue fait à l'IRISA à Rennes (où le financement est obligatoire) donne un pourcentage analogue de relations difficiles entre encadrant et doctorant. C'est aussi la disponibilité qui est invoquée.
Le contrat de thèse vise donc à améliorer la situation sur ces trois points. Précisément, il a trois objectifs : responsabiliser les acteurs de la formation doctorale, valoriser la formation doctorale, et évaluer la qualité de cette formation.
La philosophie sous-jacente à cette proposition est que la formation doctorale n'est pas seulement une formation, mais c'est aussi et surtout une première expérience professionnelle. On attend donc du doctorant qu'il s'insère dans le milieu professionnel que constitue l'unité de recherche où il travaille. On attend de lui une << production >> au travers de son activité de recherche, mais aussi de ses éventuelles activités d'enseignement et de sa participation à la vie du laboratoire (séminaires, interactions avec les autres chercheurs). La signature d'un contrat scelle symboliquement cet engagement du doctorant dans une activité de nature professionnelle.
Du point de vue de l'encadrant, la démarche devrait être la même : il s'engage à former un jeune par la recherche, ce qui l'engage à deux choses : tout d'abord à effectuer un travail d'accompagnement scientifique et humain du doctorant, et ensuite à l'intégrer dans la vie de l'unité de recherche (participation à la vie scientifique, à des congrès et colloques, accès au matériel de l'unité). Dans cet esprit, et aussi afin de catalyser responsabilité et autonomie chez les doctorants, il convient d'encourager leur participation à des associations de doctorants et une plus grande implication dans la vie des laboratoires et des établissements : par exemple au travers de la participation aux conseils des laboratoires, aux comités des thèses des établissements etc.
Les propositions émises par la CEC sur le financement des thèses procèdent de la même démarche. Le doctorant contribue à la production des laboratoires et doit donc être financé. Dans un souci de lutte contre la précarité, il nous apparaıt souhaitable que le financement comporte quelques caractéristiques :
L'objectif n'est toutefois pas d'uniformiser les financements, et de les ramener à une source unique. La multiplicité des acteurs qui financent la recherche au travers des aides à la formation doctorale représente une chance qui doit être préservée. Pour cette raison, nous avons souligné que le contrat de thèse venait à côté du financement, mais n'avait pas pour vocation d'être un contrat de travail.
De même, nous sommes conscients de la diversité des disciplines. La situation actuelle dans les DS 6 et 7, qui ne relèvent d'ailleurs pas de la compétence de la commission, est beaucoup plus éloignée de la situation du CdT que le sont les disciplines relevant des autres DS. De même, il existe de nombreux financements qui n'offrent pas les prestations sociales d'un CDD.
L'application stricte des conditions sur les financements est donc très difficile dans l'immédiat. Nous pensons néanmoins que c'est un but vers lequel tendre. Il nous semble en particulier important qu'un éventuel Contrat de Thèse, même s'il n'imposait aucune obligation en matière de financement, consigne année par année les ressources (nature et montant) dont dispose le doctorant. Cela permettrait d'avoir une vision plus claire de ces questions et donc d'agir plus efficacement (mise au point de nouveaux dispositifs de financement, rééquilibrages, etc).
Dans cet esprit, il conviendrait de réfléchir au problème de l'accès à la sécurité sociale étudiante pour les doctorants sans financement ou pour ceux qui disposent de financements ne prévoyant pas une assurance maladie.
Il conviendrait également de réfléchir à la répartition des allocations du ministère suivant les disciplines (un rééquilibrage se fait déjà au profit des sciences de l'homme et de la société). Nous pensons que cela vient en complément naturel d'actions sur un plus long terme visant à encourager la professionalisation des aides au doctorat (passage à des contrats, éventuellement multi-partenaires, comportant des prestations sociales).
D'une manière générale, la CEC se prononce pour la définition d'un statut social des étudiants-chercheurs, qui permette de garantir à chacun les deux points ci-dessus, et qui prenne bien entendu en compte la diversité des sources et des montages de financement possibles. Une telle réflexion devrait aussi prendre en compte le fait que le doctorat est en fait un << travail à la tâche >>. Bien entendu, il ne s'agit pas de prolonger les études doctorales indéfiniment non plus : les contraintes d'insertion professionnelle plaident en faveur d'un durée nominale de trois ans. La proposition de la CEC l'étend à quatre ans pour les doctorats préparés dans le cadre de la formation continue. Mais nous tenons à tendre vers une situation où les thèses préparées en cinq, six ans ou plus disparaissent.
Le CdT permettrait également d'agir sur l'image des formations doctorales. En effet, il est prévu que le contrat comprenne un descriptif de la formation suivie : activités de recherche et formations complémentaires. Ce descriptif pourraıt être utilisé auprès des employeurs. Cela diminuerait l'image d'extrème variabilité des formations doctorales dans le monde extra-académique. Bien entendu, nous sommes convaincus que cela ne suffira pas à résoudre le problème de l'insertion des docteurs dans le secteur privé. Le lecteur constatera cependant la cohérence de notre démarche et la complémentarité de cette idée avec les actions menées par l'ABG (développement de formations de sensibilisation aux réalités de l'entreprise, actions pour pousser les doctorants à valoriser leurs qualités).
Dans le monde académique, ce descriptif pourrait constituer le noyau des dossiers de candidature dans les organismes de recherche comme dans les concours de recrutement à l'université.
Enfin le CdT est un moyen d'évaluation de la formation doctorale. Il permettrait de garder une trace des abandons en cours de thèse, ce qui n'est pas le cas actuellement. Mais surtout, il permettrait une évaluation de l'activité des formations doctorales sur des critères autres que le nombre de thèses soutenues par laboratoire ou sous la direction de telle personne. Comme le CdT contient les descriptifs des activités et des formations suivies par les doctorants, il permet une vraie évaluation de l'activité de formation doctorale des chercheurs et des laboratoires.
Le CdT prévoit aussi une période de suivi de 5 ans et donc permettrait d'améliorer l'analyse de l'insertion professionnelle des docteurs.
L'exposé sur le Contrat de Thèse a été suivi par une discussion sur cette idée qui était connue de plusieurs membres de la commission et qui a visiblement suscité beaucoup d'intérêt.
Jacques Joussot-Dubien a beaucoup apprécié l'idée du parrain, qui servirait de référence extérieure au doctorant. Il a souligné que ce système existait du temps des attachés de recherche au CNRS.
Jean Dercourt est alors intervenu pour signaler qu'en Hollande, un tel dispositif existait et était même poussé au bout de sa logique. Les doctorants ont un contrat dans une école doctorale, avec des partenaires industriels. Tous les doctorants sont alors salariés, les sources de financement sont variées mais les salaires et les modalités de versement sont identiques. L'organisme financeur sait à quoi il s'engage. Enfin, à la fin de la formation, le doctorant se voit remettre un livret descriptif de sa formation. Cette période doctorale est prise en compte dans la reconstruction de carrière comme expérience professionnelle.
Mais il existe un numerus-clausus à l'entrée en thèse et la régulation est faite par des facteurs extra-académique.
Jean Dercourt a également décrit le cas de l'Institut Français du Pétrole, (IFP) où les financements sont de trois origines : les allocations du ministère de la recherche, des financements industriels et enfin des contrats de l'IFP, comptés dans la masse salariale de l'institut et dépendant directement de la Direction des Ressources Humaines.
En conclusion il s'est déclaré très favorable mais avec une adaptation pour prendre en compte la diversité des modes de financements dans certaines disciplines.
Celles qui relèvent des Directions Scientifiques 6 et 7 posent clairement un problème spécifique. De même, les Sciences de la Vie et de la Santé ont certaines spécificités, dues en partie à l'importance des financements par des associations caritatives.
Nous nous sommes attachés à expliquer que le CdT avait précisément été conçu avec le souci de ne pas être trop rigide. Certes, l'existence même d'un contrat fournit par définition un cadre et donc de facto une << rigidité >>, mais celui-ci est souple. Ainsi nous avons expliqué que le contrat est pensé pour qu'y soit attaché un financement par exemple sous forme d'un contrat de travail, et non pour remplacer le contrat de financement. Cela permet de prendre en compte la diversité des financements (allocations du ministère, contrats CIFRE, contrats de travail dans une entreprise, contrats des organismes etc). Le CdT prévoit aussi la possibilité du doctorat en formation continue, par exemple afin de valoriser un emploi en recherche et développement au sein d'une entreprise.
Pour conclure, nous notons que Monsieur Monnier a insisté sur l'intérêt de la proposition de contrat de thèse mais a précisé que la réflexion devait être poursuivie avant d'arriver à des conclusions définitives.
On connaît assez mal la répartition des insertions extra-académiques en France, en particulier au niveau des fonctions occupées par les docteurs. Les données de la DGRT permettent d'estimer a environ 1400 ou 1500 le nombre d'embauches de docteurs par an. Environ 1050 se font dans l'année qui suit le diplôme (données pour la promotion de docteurs 1995).
Une des principales raisons à la mauvaise insertion du docteur dans l'entreprise provient d'une méconnaissance mutuelle entre doctorants et entreprises. Le doctorant connaît mal, ou pas du tout, le monde de l'entreprise. Il ne sait pas quelles capacités peuvent être valorisées dans le secteur privé. Dit autrement, il ne sait pas se vendre. De même, les entreprises ont souvent en tête une image très << académique >> des formations doctorales. Le doctorat est perçu comme un diplôme à finalité universitaire (l'allusion à l'ancien système des thèses, et en particulier à la thèse d'État, se rencontre encore).
Il apparaıt que le minimum vital n'est absolument pas enseigné aux doctorants. Sachant que certains passent trois ans << scotchés >> sur leur sujet de thèse, sans aucune ouverture sur le monde extérieur, il est difficile d'échapper au qualificatif d'<< étudiant attardé >>.
L'autre raison est l'absence de soutien structurel comparable à ce dont disposent par exemple les ingénieurs. Le titre de docteur n'est reconnu que dans les conventions collectives de la chimie. Enfin, il n'existe pas de réseau de << placement >> pour les docteurs analogue à celui des grands écoles (associations d'anciens élèves, bureau des élèves, en connexion étroite avec de nombreuses industries).
Au travers de multiples participations à des forums et débats, et au travers de multiples contacts avec des industriels, nous avons pu dégager trois points essentiels pour améliorer les chances des doctorants dans le secteur privé :
Par ailleurs, la CEC a proposé trois mesures symboliques qui pourraient aider à l'insertion des jeunes docteurs :
M. de Pecq, directeur de recherche chez Rhône-Poulenc a alors souligné la nécessité que les doctorants et jeunes docteurs se prennent en main et a vivement souligné les dangers de l'<< assistanat >>. Une discussion a alors suivi d'où il est ressorti que l'absence de structures d'insertion analogues aux réseaux dont disposent les élèves des grandes écoles était une réalité (E. Brézin), et que les récentes actions des doctorants constituaient un exemple de dynamisme et d'<< auto-prise en main >> (M. Joucla). Il ressort également que les Écoles Doctorales ont un rôle crucial à jouer dans la préparation à l'insertion professionnelle des docteurs. Il est clair que pour cela, elles devront disposer de moyens décents (secrétariat et locaux par exemple) et ne pas être de simples constructions formelles.
Nous avons également fait remarquer que le CdT et nos diverses propositions n'avaient en aucun cas pour vocation de transformer les étudiants-chercheurs en assistés mais bien de fournir, outre un cadre garantissant un statut et un encadrement minimum à tous les doctorants, un outil de valorisation du doctorat notamment vers le monde extra-académique. La dimension de contrat est aussi là pour responsabiliser le doctorant et pas seulement l'encadrant !
À ce niveau, nous avons souligné deux points importants :
Guillaume Fumanal a alors décrit, pour illustrer ces différents points, un exemple précis : celui de l'École Doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé (Lyon) : elle s'articule autour d'un cycle de conférences qui reprend les points essentiels présentés ci-dessus. En outre un partenariat se met en place avec un diplôme d'Université (Gestion des Systèmes Industriels) qui est justement la formation à l'origine des Doctoriales de l'ABG. Un certain nombre de formations sont proposées aux doctorants sous forme de conférences. Un local avec accès Internet et téléphone a également été ouvert.
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Ce document (/interventions/1997-academie/1997-02-as/node3.html
) a été mis à jour le 10 juin 2007