Historique La Confederation des Etudiants-Chercheurs s'est formee le 2 mars 1996 pour repondre a la fois aux attentes de nombreuses associations locales ou thematiques d'etudiants-chercheurs et a celles d'etudiants-chercheurs et de chercheurs disperses, reunis par le reseau Internet autour du mouvement HotDocs. Ce forum de discussion apparu fin 1994, debattant de tout ce qui concerne le doctorat et le doctorant, diffusait en avril 1995 le rapport intitule ``Formation doctorale : enjeux, bilan, propositions''. Devant la gravite de la situation de la Formation Doctorale française (flux important de docteurs, debouches de plus en plus faibles), il est apparu necessaire de federer les efforts accomplis a un niveau local, ou dans certaines disciplines, en matiere de reflexion sur le statut et le devenir des etudiants-chercheurs. Le terme d'etudiant-chercheur est un concept large qui comprend les etudiants de troisieme cycle, ainsi que toutes les personnes en situation precaire ayant suivi une formation doctorale (ATER : ``Attaches Temporaire d'Enseignement et de Recherche'' : contrat a duree determinee d'un an, de service egal a celui d'un Maitre de Conferences), post-docs, chomeurs...). C'est ainsi qu'est nee la Confederation des Etudiants-Chercheurs, qui se definit comme une structure permanente et perenne dans un monde associatif instable. Elle est independante, autonome et interdisciplinaire. Elle se veut etre une voix forte, coherent e et representative, et constitue a ce titre une force de proposition sur des themes tels que les etudes doctorales, le troisieme cycle, l'Enseignement Superieur et la Recherche. La CEC oriente ses actions en fonction des deux objectifs suivants : - obtenir la reconnaissance d'un veritable statut pour les doctorants ; - ameliorer au niveau national l'adequation entre le doctorant et le marche du travail, en contribuant notamment au developpement des debouches professionnels tant publics que prives. La representativite de la CEC La CEC a regroupe en son sein quelque 35 associations, soit plus de 2000 doctorants issus de toutes les disciplines universitaires : de l'Ethnologie a la Pharmacie, en passant par les Lettres, l'Electronique, la Biologie, les Mathematiques, l'Economie, le Droit, etc. Actuellement, elle est en periode de renouvellement, et la conjoncture entrainera certainement une diminution du nombre de ses membres. En effet, certaines associations, dont les membres fondateurs sont en passe de finir leur these, disparaitrons, et d'autre part, l'arrivee au pouvoir de ceux qui ont double le nombre d'allocations de recherche en 1989 semble de bon augure. Malgre tout, la CEC qui regroupe actuellement une vingtaine d'associations reste vigilante et combattive face aux contradictions des hommes politiques, comme nous le verrons par la suite. Pour un college d'etudiants-chercheurs Cependant, il ne faudrait pas que le nombre d'adherents de la CEC soit l'arbre qui cache la foret. Le passe prouve en effet que la capacite mobilisatrice de la CEC est grande aupres des doctorants, qui savent reagir energiquement pour obtenir des sieges lors des elections des differents conseils des universites. Et cette energie s'avere bien necessaire a cause du systeme biaise de representativite a l'Universite, qui oublie la voix des doctorants, bien qu'ils constituent plus de la moitie des personnels de la Recherche Publique (plus de 71000 theses en cours debut 96 selon le rapport de la DGRT (``Direction Generale de la Recherche et de la Technologie''), a comparer au chiffre approximatif de 50000 Maitres de Conferences, Professeurs, Chercheurs et PRAG (``PRofesseur AGrege'', a l'Universite), il n'existe aucun college qui represente pleinement les Etudiants-Chercheurs au CNESER (Conseil National de l'Enseignement Superieur Et de la Recherche). De plus, alors qu'il serait normal que tous appartiennent au meme college, les doctorants sans charge d'enseignement sont rattaches au college des etudiants, les moniteurs et ATER au college des enseignants-chercheurs, et les post-docs a aucun. Pour toutes ces raisons, une des revendications de la CEC est la creation d'un college propre aux Etudiants-Chercheurs car c'est a cette seule condition que le CNESER offrira un panel reellement representatif de l'Universite et de tous ses acteurs. Etudiants-chercheurs, Universite, Recherche, meme combat Les interets de la CEC ne sont pas exclusivement corporatistes. Au contraire, les problemes que rencontrent les doctorants et les jeunes docteurs sont etroitement lies a ceux de la Recherche Publique, de l'Enseignement Superieur, et meme de l'Enseignement Secondaire. C'est pourquoi, tout en restant independante, la CEC participe regulierement a des reunions et actions inter-syndicales avec les differentes organisations intervenant dans le champ de la Recherche et de l'Enseignement Superieur, que ce soit des syndicats d'etudiants ou des syndicats de chercheurs et d'enseignants-chercheurs. Il ne faut donc pas s'etonner si, en enumerant les problemes qui sont au c{\oe}ur de la reflexion de la CEC, nous rejoignons des debats plus larges, que l'on a l'habitude de lire sous d'autres plumes. De la these et de ses debouches La these represente une experience de recherche mais correspond egalement a une periode de formation pour le doctorant. L'augmentation du nombre d'inscrits en these va de pair avec le rallongement de la duree des etudes : il s'agit pour les etudiants de p arfaire leur formation, et d'acceder aux niveaux superieurs de diplomes, qui sont censes garantir un acces plus facile a une profession visee. Or rien n'est moins simple. L'absence de debouches, qui se materialise par un taux important de docteurs chomeur s (sans compter les post-docs, qui deviennent une veritable voie d'attente de recrutement), souligne une fois de plus le probleme de la correlation entre formation universitaire et monde du travail. Des personnels de la Recherche Ceci est d'autant plus important que, dans le cas des debouches des jeunes docteurs, c'est l'Universite elle-meme qui, dans une certaine mesure, aggrave le probleme : le faible nombre de postes, et la forte concurrence qui s'ensuit, rendent la These de Do ctorat insuffisante pour une carriere academique, et poussent les jeunes docteurs a la course aux formations complementaire. Aux trois ans de these se rajoutent bientot un ou deux ans d'ATER, et un ou deux ans de Post-doc, et les chercheurs de la Recherch e Publique sont de moins en moins des fonctionnaires, et de plus en plus des contractuels en situation precaire. D'ailleurs, la proportion actuelle des doctorants dans le monde de la recherche annonce deja la couleur de la situation a venir. Des enseignants du superieur Ces debouches dits academiques (postes d'enseignants-chercheurs a l'Universite, chercheurs EPST (``Etablissements Publics a caractere Scientifique et Technologique'')) sont les debouches logiques des theses de troisieme cycle. Pourtant, l'Universite est la proie de remises en causes profondes de ses missions, et en particulier de la façon de gerer le fosse entre enseignement secondaire et enseignement superieur. Si l'on persiste a croire en une universite où l'enseignement se trouve enrichi a tout instant par la double competence de ses acteurs (enseignement et recherche), comment justifier les recrutements massifs, en premier cycle universitaire, de Professeurs Agreges du Secondaire, dont les competences pedagogiques sont notoires, mais qui se trouvent statutairement detaches des preoccupations de recherche ? C'est la secondarisation du DEUG qui est donc au c{\oe}ur de la question et, plus que jamais, depuis l'annonce par Monsieur le Ministre Claude Allegre du budget pour l'annee 1998. Certes, nous nous rejouissons de l'augmentation du nombre total de postes de Maitres de Conferences mis au concours (creations plus renouvellement), mais nous nous etonnons de la creation en nombre equivalent de PRAG et de Maitres de Conferences (1200 de chaque), malgre l'engagement du Ministre de donner la priorite a l'emploi scientifique. Le probleme doit donc etre souleve : un enseignant a l'Universite doit-il necessairement etre chercheur ? La question semble curieuse, si l'on considere les fondements meme de l'enseignement a l'Universite, mais elle nous est imposee par les faits. La CEC est consciente qu'un poste de PRAG peut constituer, dans certaines disciplines, et dans certains contextes, un espoir pour un professeur agrege du secondaire d'integrer un jour le corps des enseignants-chercheurs. C'est pourquoi la CEC a avance, sous la forme d'une proposition a l'Academie des Sciences, l'idee d'une modification du statut de PRAG. Conçu comme un poste d'acces a l'Universite, le poste de PRAG deviendrait un poste a duree determinee (cinq ans) permettant de mener une these a son terme, et de passer le concours de recrutement des Maitres de Conferences. Mais dans l'etat actuel de la situation, nous pensons que le recrutement massif de PRAG n'est en aucune maniere une bonne solution, ni pour l'Enseignement Superieur, ni pour l'Enseignement Secondaire. D'une part parce que les postes ainsi mis au concours sont en realite des postes transferes du secondaire, et non des postes rajoutes au concours de l'Agregation et du CAPES. On peut penser que les conditions difficiles d'exercice dans le secondaire se verront accentuees par ce transfert massif de personnel enseignant, ce qui revient encore a accentuer le fosse entre lycee et universite. D'autre part, on peut craindre en Sciences la generalisation du recrutement des jeunes docteurs agreges restes en marge des (faibles) recrutements d'enseignants-chercheurs, sur des postes de PRAG. Il est regrettable que le vivier importa nt des jeunes docteurs, fruit de la politique du Ministre de l'Education Nationale, Lionel Jospin, et de son Conseiller, Claude Allegre, en 1989, se voit contraint, faute de mieux, a accepter le statut de PRAG qui correspond si peu a la formation a la recherche reçue au cours du doctorat. Enfin, compte-tenu du temps necessaire a la formation des doctorants, et pour eviter qu'une situation de ce type ne se reproduise, la CEC pense qu'il serait bon de reflechir a une loi de programmation du recrutement (et du budget) dans l'Education Nationale, qui aboutirait a une politique pluriannuelle de recrutement, avec un meilleur echelonnement, une plus grande souplesse, et une meilleure prevision du rapport entre le nombre de candidats et le nombre de postes ouverts au concours. Debouches extra-academiques La CEC se preoccupe egalement de la valorisation de la these dans les contextes professionnels extra-academiques. Etudier l'image des docteurs dans le milieu de la recherche industrielle, ameliorer le contenu de la formation par la recherche a l'Universite, en rapport avec ce debouche extra-academique, valoriser cette meme formation aupres des acteurs de la recherche industrielle, sont les trois poles d'attention de la CEC a ce sujet. Dans ce cadre, des initiatives sont mises en place localement par des associations membres de la CEC en relation avec les PME et PMI. Il s'agit de faire du debouche extra-academique une alternative reelle aux emplois academiques pour les jeunes docteurs. En particulier, la CEC demande a ce que le doctorat soit reconnu par les conventions collectives. Mais sa veritable proposition reside dans un contrat de these qui valoriserait ainsi la formation doctorale. Pour un contrat de these Nous l'avons vu, les problemes rencontres par les doctorants sont multiples, varies, et fortement correles les uns aux autres. La solution que nous preconisons est la creation d'un Contrat de These, qui permettrait de regler les problemes de statut, de formation et de valorisation. Ce contrat de these a ete elabore en premier lieu par le mouvement HotDocs, apres avoir recense un panel aussi complet et objectif que possible des problemes que peut rencontrer un doctorant au sein de sa formation doctorale ou une fois sa these terminee. Ainsi sont repris dans ce contrat les differents problemes suivants : le financement de la these, malheureusement pas assez repandu, l'encadrement parfois trop lâche du doctorant, l'harmonisation de la duree des theses, ains i qu'un besoin de responsabilisation accrue entre les differentes parties prenantes (doctorant, directeur de these, directeur de laboratoire, directeur d'ecole doctorale), sur les droits et les devoirs de chacun. En particulier, la CEC insiste sur les formations complementaires qui doivent etre proposees au doctorant durant sa formation par la recherche. C'est pourquoi la CEC s'est engagee, lors de sa participation aux Tables Rondes avec les representants du ministere, en faveur d'une generalisation de la formation dispensee par les Centres d'Initiation a l'Enseignement Superieur. Cette formation, qui ne concerne pour le moment que les allocataires de recherche recrutes sur un poste de moniteur de l'Enseignement Superieur, prepare precisement les doctorants, par la pratique (horaire allege d'enseignement dans le premier cycle, sous la tutelle d'un enseign ant titulaire) et par la reflexion (stages), au metier d'enseignant-chercheur. Complement logique a la formation par la recherche, la formation par l'enseignement doit etre integree aux modalites du doctorat, pour garantir la double competence des jeunes docteurs candidats aux postes d'enseignants-chercheurs. Ce contrat de these, ainsi que des formations complementaires telles que les doctoriales (a ce sujet, voir l'excellent site de l'Association Bernard Gregory sur internet, a l'adresse suivante : http://www.abg.asso.fr/doctoriales.html), devraient egalement permettre une plus grande lisibilite de la these par le monde extra-academique et favoriser ainsi l'insertion de jeunes docteurs dans les entreprises. A ce jour, des projets de mise en place de contrats de these se profilent dans certains laboratoires et universites particulierement dynamiques. Certains projets ont meme deja abouti par endroit et la CEC continue la promotion tant au niveau national (ministere, grands instituts, syndicats,...) qu'au niveau local (laboratoires, ecoles doctorales, universites,...).