CR de l'audition à l'Assemblée Nationale du 13 juillet 2004
Audition de la CJC à l'Assemblée Nationale par la mission d'information sur la recherche publique et privée en France face au défi international.
Participants
Pour l’Assemblée Nationale
:
- M.
Jean-Pierre Door, député, président de la mission
d'information, membre de la commission des affaires
culturelles, membre de l'office parlementaire d'évaluation des
choix scientifiques et technologiques (UMP, Loiret,
cardiologue)
-
M. Pierre Cohen, député (PS, Haute-Garonne, ingénieur de
recherche INRIA), membre de la commission des affaires
économiques, membre de l'office parlementaire d'évaluation des
choix scientifiques et technologiques
- M. Bonneau, administrateur de la mission
Pour la CJC :
- Sylvain Collonge, président (ADIR)
- Florent Olivier (X'Doc)
Déroulement de l'audition
M. Door commence par resituer la raison
d’être de cette mission en référence aux événements de cet
hiver, précisant qu’il s’agit de « l’une des
commissions » travaillant actuellement sur le sujet et
qui rendra ses conclusions au cours de cet automne. Il
s’agit d’être dans l’actualité au moment où se tiendront
« les Etats Généraux d’octobre » et la Loi
d’Orientation et de Programmation désirée pour la fin
d’année.
M. Door indique alors les questions qui
l’intéressent :
-
Situation des jeunes chercheurs (JC) :
pourquoi partent-ils à l’étranger ?
-
Situation ailleurs ? En
Europe ?
-
Nombre trop élevé de chercheurs par
rapport au nombre de postes proposés : besoin
d’ouverture de postes et du privé ?
-
Pilotage de la recherche par un
Haut-Conseil de la Recherche ?
-
Augmentation du budget à 3% : y
croyez-vous ? Est-ce vraiment nécessaire ? Une
réforme ne suffirait-elle pas ?
-
Système d’évaluation et statuts ?
-
Lien recherche / enseignement
supérieur ?
-
Conclusion attendue sur : comment
rendre attractive la recherche pour des jeunes présents
dans l’enseignement supérieur ?
Nous avons présenté les points de vue de la
CJC sur ces sujets et ceux qui nous tenaient à c½ur, évitant
certains sujets proposés (évaluation et Haut-Conseil). Ont
notamment été abordés :
- L'absence d’explication des politiques sur la manière
d’atteindre les 3% ;
- La place considérable des JC dans le système de recherche
et d'enseignement supérieur avec les problématiques que cela
engendre : le nombre de doctorants n'est actuellement pas
régulé (70 000 en cours de doctorat pour 10 000 soutenances
par an). Du coup, un grand nombres de ces doctorants sont «
bénévoles » ou bébéficient de libéralités. Ces déficits de
financements, doublés d'une qualité de l'encadrement parfois
douteuse, entrainent des taux d'abandon élevés en cours de
doctorat, en particulier dans certaines disciplines. Après le
doctorat, l'absence de perspectives d'emploi claires dans
l'enseignement supérieur et la recherche (manque de
programmation pluriannuelle de l'emploi) et le déficit de
reconnaissance du doctorat dans les autres secteurs entrainent
le maintien d'un « anneau de stockage » de docteurs en attente
d'un poste, bien souvent poussés à partir à l'étranger.
- La représentation des JC dans les instances de conseil et
de décision pose problème. Ils n'ont en effet pas la
possibilité d'être « représentés de manière propre et
authentique » comme le stipule la loi. Il faudrait créer un
collège spécifique parmi les personnels pour les rassembler
;
- Pour aller vers une amélioration de ces situations, il est
nécessaire de reconnaître le caractère professionnel du
doctorat. Ceci signifie notamment qu'il faut porter plus
d'attention au recrutement des doctorants : veiller à
l'existence d'un projet de recherche doctorale et d'un
financement sous forme de salaire avant de recruter un
candidat.
- Les écoles doctorales parviennent difficilement à assurer
leur rôle de régulation des pratiques (application de la
Charte des thèses), notamment par manque de moyens humains
;
- Pour aller vers une meilleure reconnaissance du doctorat
dans l'ensemble des secteurs socio-économiques, il faudrait
entre autres que les conventions collectives reconnaissance le
doctorat comme une qualification supérieure au niveau bac+5,
et que la haute-administration soit réellement ouverte aux
docteurs.
- Concernant la mobilité européenne, se pose le souci du
transfert des droits acquis lorsque l'on change de pays
(sécurité sociale, indemnités chômage, retraite).
- L'élargissement du visa mention « scientifique » aux
doctorants étrangers pourrait être un moyen d'améliorer
l'accueil des jeunes chercheurs étrangers en France.
- L'aide au retour des chercheurs expatriés est mal conçue
et inefficace. Par ailleurs, il faut découpler le concept de
mobilité de la période suivant le doctorat. Il y a d'autres
moments pour envisager une mobilité. La mobilité serait
sûrement mieux vécue si elle était négociée après un
recrutement sur emploi stable.
Trois remarques intéressantes ont été
faites.
Concernant le Collège Spécifique, M. Cohen a
bien compris la problématique mais regrette cette
proposition de notre part car statut, retraite et sécurité
sociale étaient réservés auparavant aux statutaires
uniquement, et qu’en demandant ces régularisations la CJC
apporte une justification à la contractualisation et à la
précarité.
Réponse sur cette remarque : « Le jour où
tous les doctorants seraient salariés (on peut toujours
rêver), il restera de toute façon la question de leur
représentation. Il ne s'agit donc pas d'officialiser la
précarité ». M. Cohen reste dubitatif.
Ensuite, concernant la proposition de
mobilité post-recrutement, M. Cohen soulève la question de
l’attractivité pour les pays d'accueil. Ceci pose des
problèmes de propriété intellectuelle, de disponibilité
supposée du candidat, et de motivation à travailler
énormément qui risque fort pour le labo d’accueil à
l’étranger de faire préférer un ressortissant d’un autre
pays. Cette proposition se limite donc aux collaborations
entre établissements, ce qui existe déjà.
Enfin, M. Cohen a précisé qu’il avait avec
M. Le Déaut, suite à leur rapport, proposé un amendement à
la loi de finance 2000 concernant la limitation de la charge
d’enseignement des demi-ATER, mais suivi d’aucun décret.
Les coordonnées ont été échangées. Un dossier comportant la
version synthétique du Rapport sur les conditions de travail
illégales des jeunes chercheurs, les fiches-synthèses sur
l'Allocation de Recherche, sur les libéralités et sur la
représentation a été remis.
Nous proposons également de leur envoyer la synthèse du CloEG
virtuel JC.