Sylvain Collonge (ADIR), président
Ronan Amicel (ADOC), vice-président chargé des questions juridiques et des affaires sociales
Marc Dugast (ADIC)
Florent Olivier (X'Doc)
Mathieu Pampin (Biodocs)
Claudie Haigneré, ministre chargée de la Recherche
Jean-François Cervel, directeur adjoint du cabinet de Claudie Haigneré
Michel Eddi, adjoint à la directrive de la Recherche (DR)
Véronique Gronner, conseillère technique au ministère des Affaires sociales (cabinet Delevoye)
fonction publique protection sociale des fonctionnaires
Boris Walbaum, conseiller technique au Minefi (cabinet Fontaine/Mer)
M. X, ministère du Travail (cabinet Fillon) excusé pour cause d'embouteillages
Mme Haigneré introduit cette rencontre
en indiquant que suite au rapport sur le travail illégal parmi les
jeunes chercheurs (JC) remis précédemment par la CJC, elle avait eu
l'occasion de parler de la question avec un certain nombre de ces
collègues, notamment dans d'autres ministères.
Mme
Haigneré rappelle que des choses ont
été faites, d'autres restent à faire. Elle liste alors les mesures déjà
prises pour les doctorants puis pour les emplois scientifiques après
la thèse.
Ces
mesures sont détaillées dans ce document [pointer vers le doc en
question à mettre sur le Web public], envoyé à la CJC par le cabinet du
ministère après la réunion.
Mme Haigneré conclue donc qu'on
ne peut pas dire qu'elle ne fait rien pour les jeunes chercheurs.
Sylvain Collonge annonce que l'on reviendra plus tard sur ces mesures.
Sylvain Collonge synthètise donc le Rapport sur les conditions de travail illégales des jeunes chercheurs. Il termine en insistant sur le flou juridique à l'origine de cette situation.
Les représentants du ministère de la Recherche contestent l'ordre de grandeur des chiffres évoqués dans le rapport (environ 10 000 personnes concernées). Ils insistent sur l'ambiguité de la définition de ce qui est compris dans ces « jeunes chercheurs en situation illégale ». Selon eux, le nombre de personnes concernées seraient au plus de l'ordre du millier.
Une discussion s'ensuit sur cette
évaluation. Il en ressort que la tâche n'est pas aisée étant donné
notamment l'arrêt de la publication des chiffres sur la formation
doctorale par
le ministère, le manque de précision des nomenclatures ministérielles
(le problème de la définition de la catégorie « salariés » à titre
d'exemple) et le faible taux de remontée des données. Le problème de la
quantification est encore plus important pour les chercheurs « post-doc
» puisqu'aucun outil de quantification n'existe.
Claudie Haigneré conclut cet échange en
soulignant la mise à jour d'une lacune importante du système, sur
lequel elle demande de se pencher.
Sylvain Collonge poursuit en soulignant
le cas
des jeunes chercheurs étrangers et l'opacité de l'association Égide qui
gère un grand nombre de financements pour cette population. Egide a
refusé de
communiquer ses données à un député auprès de qui la CJC avait déposé
une demande.
Claudie Haigneré demande à ses collaborateurs qu'un courrier officiel à sa
signature soit envoyé au Ministère des Affaires Étrangères pour avoir
ces informations.
Elle demande ensuite à ce que les représentants des autres ministères s'expriment sur le Rapport de la CJC.
Véronique Gronner demande à apprécier concrètement l'ampleur quantitative du sujet, et voir plus précisément les cas. Il s'agit pour elle d'établir le dispositif juridique pour asseoir la protection sociale. Jean-François Crevel note que cette question s'inscrit parfaitement dans les débats actuels sur les contrats de la fonction publique.
Véronique Gronner indique une piste pour
mettre en place les outils juridiques adéquats : le statut de
contractuel de droit public à durée déterminée semble une piste
crédible. Il s'intègrerait bien dans un projet de loi qui toucherait
aux agents non titulaires, actuellement discuté au conseil supérieur de
la fonction publique avec les syndicats. Il s'agit d'une transposition
d'une directive européenne de 1998. Les durées envisagées
correspondraient aux cas qui nous concernent : durée maximale de
18 mois pour un contrat, renouvelable une fois, soit un total de 3 ans,
ce qui correspond à la durée « officielle » de préparation d'un
doctorat.
Mme Gronner complète en expliquant que
pour certaines catégories de personnels aux fonctions de haute
technicité (catégorie A par exemple), le dispositif pourrait prévoir un
dépassement de cette durée de 3 ans, jusqu'à un maximum de 5 ans
[ou 6 ans ?].
M. Delevoye doit faire une communication en
mars au sujet de ce projet au conseil des ministres. L'objectif est
un dépôt du projet de loi avant la fin du 1er semestre.
Boris Walbaum félicite la CJC pour son travail de bonne qualité et déclare que le Minefi est très préoccupé. Il signale la détermination politique de M. Mer et Mme Fontaine qui s'intéressent de près à la recherche, notamment dans les entreprises et en faveur d'un effort pour l'attractivité du doctorat.
Boris Walbaum évoque l'intérêt d'une comparaison avec d'autres pays, notamment en Europe. Une discussion rapide s'engage sur ce point.Puis Boris Walbaum revient sur le rapport et
tente de minimiser son impact en considérant qu'il s'agit plus d'un
point de vue que d'une analyse tout à fait objective. Selon lui, on ne
peut pas évacuer le fait que le doctorant est un étudiant. Le
lien de
subordination resterait alors assez flou. On ne pourrait donc pas
vraiment parler de travail au noir...
Sylvain intervient pour dire
que dans le cas qui le concerne principalement, celui des Écoles des
Mines, la situation est au contraire très claire... et Ronan propose alors à M. Walbaum de demander l'avis de l'URSSAF pour compléter le nôtre...
M.
Walbaum esquive et réaffirme alors que le Minefi est très ouvert
notamment pour discuter de l'emploi en entreprise, de la reconnaissance
du doctorat, etc. M. Cervel souligne qu'il faudrait faire un point sur
ces sujets avec l'Association Bernard Grégory (ABG).
Mme Haigneré, qui doit nous quitter,
demande à ce que soit défini dans le reste de la scéance la
méthodologie, un calendrier, et les thèmes sur lesquels une
collaboration sera à mener. Elle quitte la réunion.
M. Walbaum rappelle que le Minefi est
prêt à une proche collaboration pour nous aider à avoir des contacts pour la valorisation du
doctorat et renouveler le lien entre la recherche et l'entreprise.
Mme gronner et M. Walbaum s'en vont. La discussion se poursuit avec MM. Cervel et Eddi.
Pour
travailler sur la question de la valorisation du doctorat, une
concertation avec la Guilde, l'Andès, la CJC, les ministères et des
représentants du tissu économique est évoquée. Le principe semble
acquis.
Jean-François Cervel revient sur l'importance de la clarification du dossier. Sylvain Collonge souligne que dans tous les cas il faut veiller à ce que les chercheur « post-docs » travaillent sous contrat, car pour eux la situation est claire. Un post-doc se caractérise par un travail de recherche à temps plein, appelant en conséquent rémunération sous forme d'un salaire, quelque soit la discipline. Quel que soit le nombre de personnes en jeu, il s'agit toujours de travail illégal.
Sylvain Collonge explique qu'au delà de la régularisation nécessaire des situations actuelles, il ne faut pas perdre de vue la mise en place d'un cadre visant à empêcher de nouvelles dérives.
Michel Eddi remarque que s'opère la délimitation de deux catégories: les doctorants salariés (pour leur
travail de recherche) et ceux qui ne le sont pas. Nous complétons alors
en estimant que cette situation de non-financement devra être résorbée
ensuite par des processus d'incitation.
Ces questions induisent un problème de
gestion des
flux. Une discussion s'engage alors où les représentants de la CJC
expliquent qu'il existe déjà implicitement une sélection à l'entrée du
doctorat (notamment dans la Charte des thèses à travers les
indications de limitation de doctorants par encadrant, de moyens mis à
disposition du doctorant pour faire ses recherche, par les
recommandations en terme de financement). Il est également précisé
qu'il faut distinguer la formation initiale et la formation continue.
Concernant la formation initiale, le
recrutement d'un doctorant doit s'établir dans le cadre d'une politique
de recherche, et il n'est pas sain, y compris pour les laboratoires,
d'accepter n'importe qui en doctorat sous prétexte que la personne « en a envie ».
J-F. Cervel indique qu'il préfère
laisser ce type de démarche aux structures, plus aptes à faire du cas
par cas et à juger des capacités scientifiques et de la possibilité de
certains à travailler sans financement. La question se pose alors de savoir
comment responsabiliser les structures. Le
rôle du conseil des écoles doctorales (ED) doit en particulier être renforcé.
J-F. Cervel enchaine sur le suivi de la Charte des thèses. M. Korolitski doit faire un point avec la DES (Direction de l'Enseignement Supérieur) avant le lancement de la prochaine campagne d'enquête auprès des écoles doctorales. Un avis sur le questionnaire à mettre en place sera demandé à la CJC dans les deux prochains mois.
La
représentation des Jeunes Chercheurs dans les instances universitaires
est ensuite abordée. M. Cervel répond qu'il s'agit de problèmes de
gouvernance des établissements et que le sujet est complexe. Le dossier
doit continuer à avancer avec la DES.
La CJC interroge alors M. Cervel à propos des 550 postes en CDD.
Les réponses de MM Cervel et Eddi ont permis de clarifier plusieurs choses.
Ce qu'il faut donc retenir, c'est que
ces 550 CDD sont « virtuels », puisqu'il s'agit en réalité d'une
enveloppe budgétaire allouée aux organismes de recherche (EPST) pour
que ceux-ci puissent recruter en toute liberté.
Dire qu'il s'agit de 550 CDD répartis en
200 postes de chercheurs et 350 d'ingénieurs, avec un niveau de
rémunération correspondant au niveau d'entrée dans la grille du corps
en question, n'est qu'une manière de répartir cette enveloppe.
Les organismes gèrent ces
supports comme bon leur semble, et peuvent abonder en ressources
propres. Ils peuvent par exemple lier un certain nombre de « postes »
pour recruter un spécialiste qui couterait bien plus cher que les
grilles traditionnelles de l'établissement. Il n'y a non plus aucune
obligation concernant le taux d'embauche de jeunes chercheurs ou de
seniors confirmés, contrairement à la communication officielle antérieure du
ministère. Il n'y a enfin aucune directive concernant la ventilation
entre postes d'ingénieurs et postes de chercheurs.
Concernant la perspective pluri-annuelle de ce budget, J-F. Cervel explique qu'il faut une dose de flexibilité budgétaire, et déterminer le point d'équilibre entre personnels permanents et recrutements souples.
À propos des +30% annoncés par Mme Haigneré, la réponse est clairement qu'il s'agit
d'un pur artifice de communication. Il ne peut s'agir que d'une «
recommandation » de la part du ministère, puisqu'aucune enveloppe
supplémentaire n'a été débloquée. Les organismes feront exactement ce
qu'ils voudront avec l'enveloppe allouée.
Concernant le planning d'application de
cette mesure, M. Eddi confirme que les sommes ont été budgétées au
1er janvier 2004. Les EPST peuvent commencer les
recrutements.
La discussion a glissé vers la
diminution des postes statutaires et « l'ajout » de 120 postes décidé
suite à la mobilisation des chercheurs.
MM. Cervel et Eddi confirme
notre analyse consistant à dire qu'il n'y a eu aucune création
supplémentaire, puisqu'il s'agit de faire glisser des emplois gagés
pour en faire des supports de postes stables, technique ne pouvant
fonctionner évidemment qu'une seule fois. Ils confirment également que
le CNRS a compensé la diminution de postes permanents dès le départ
(avant la mobilisation des chercheurs) en ayant recours à cette
technique.
M. Cervel nous indique qu'il nous
enverra un bilan écrit de cette réunion mentionnant les thèmes de
travail pour les réunions à venir. Ce document, signé de Mme Haigneré nous est parvenu vendredi 18 mars.